Le parti de Aït Ahmed s'élève contre “la présidentialisation feutrée de la vie publique, la course et la recherche maladive des hommes présidentiables”. Le Front des forces socialistes (FFS) s'apprête à lancer une initiative politique. Une sorte de 3e voie, portée par les démocrates, qui servira d'alternative à “la fausse bipolarisation” entre Bouteflika et Benflis. Avec quels partenaires le FFS compte-t-il mettre en œuvre ce chantier ? “Tous les partis politiques, les syndicats, les personnalités politiques non partisanes”, précise le chargé de la communication du FFS, Karim Tabou, qui a rendu visite, hier, à Liberté, dans le cadre d'une tournée de soutien à la presse. D'ores et déjà, les deux leaders de l'ex-Fis, Abassi Madani et Ali Benhadj, sont exclus. Avec cette autre précision de Tabou que cette alternative “n'a aucun lien” avec la prochaine élection présidentielle. Mais auparavant, le parti de Hocine Aït Ahmed organisera, dans le cadre de son 40e anniversaire, une conférence-débat qui sera animée, le 26 septembre, au Centre international de presse, par Mohand Amokrane Cherifi, avec pour thème : “La situation économique et sociale : un constat et un projet pour l'Algérie”. Une conférence qui servira, en quelque sorte, de rampe de lancement à cette alternative politique à venir. Ceci dit, le FFS a réuni, jeudi dernier, son conseil national. Réunion sanctionnée par une déclaration où il est noté : “L'impasse politique dans laquelle est conduit notre pays laisse les portes ouvertes à toutes sortes d'aventures politiciennes aux conséquences incalculables sur l'avenir de la population. La situation est au point de dégénérer sur tous les fronts.” La guerre entre les partisans de Bouteflika et de Benflis pour l'accaparement du FLN semble révulser le FFS qui estime : “Les multiples groupes qui déversent leurs faux vrais scandales pour de vrais faux débats œuvrent, par la propagande, à banaliser le coup d'Etat qui se pratique à ciel ouvert et à empêcher les débats politiques de fond, nécessaires à la construction démocratique de notre pays.” Tout en se demandant : “Quel est ce sens de l'Etat dont se prévaleront les plus hautes autorités quand les institutions sont squattées par des clans à leur seul bénéfice ?” Mais, pour le FFS, “ces luttes de pouvoir personnelles et de groupe” ne sont rien d'autre qu'une “machination” pour mettre en place “une nouvelle fausse bipolarisation à l'intérieur même du sérail”. Comme alternative à ce “pourrissement programmé”, le FFS remet au goût du jour sa fameuse Assemblée nationale constituante, une revendication vieille de 40 ans, qui est, à ses yeux, à même de mettre un terme “à la présidentialisation feutrée de la vie publique, à la course et à la recherche maladive des hommes présidentiables”. Aussi, le FFS interpelle solennellement “tous les décideurs” pour mettre en œuvre, sans délais, “une sortie de crise politique et démocratique”. Mais, l'urgence pour le FFS est “de libérer une dynamique politique de construction démocratique de l'Etat et de la nation”. Un appel est lancé aux Algériens afin de “(…) se mobiliser pacifiquement pour mettre fin aux fausses solutions et aux supercheries politiques”. Par ailleurs, la campagne de harcèlement contre la presse n'a pas été vigoureusement dénoncée par le plus vieux parti d'opposition. Il s'est contenté de souligner que “le vrai patriotisme nous impose l'obligation d'en finir avec les atteintes aux droits de l'Homme, à la liberté de la presse, l'arbitraire sans limite (…)”. Il est vrai que la position exprimée hier par Karim Tabou sur cette question ne souffre aucune équivoque. L'arbitraire qui a frappé la presse est énergiquement dénoncé. Curieusement, la question de la Kabylie n'a pas figuré en bonne place dans la déclaration, pour ne pas dire qu'elle a été totalement évacuée ou diluée dans le générique “multiples crises”. A. C.