Le plus vieux parti de l'opposition vient de faire peau neuve par l'amendement de ses statuts et l'ouverture sur la société civile. Le IVe Congrès du FFS a confirmé le retour sur la scène politique du plus vieux parti de l'opposition démocratique. Le choix de son intitulé, «Congrès du millénaire pour le développement», n'est pas fortuit. Il marque un attachement aux citoyens. Les élections législatives du 17 mai dernier sont un repère sur lequel le Front des forces socialistes compte orienter sa nouvelle démarche politique. D'ailleurs, les élections locales sont «un axe stratégique fortement réaffirmé à l'occasion du congrès», dixit Karim Tabbou, désigné porte-parole du conclave de Zéralda. La question de la reconduction ou non de Hocine Aït Ahmed a été évacuée des débats. Ce sont les congressistes qui ont tenu à ce que Aït Ahmed se présente à la présidence du parti. Les spéculations sur une éventuelle intronisation de Mouloud Hamrouche ne serait qu'un montage médiatique démenti à l'occasion de la tenue du congrès. Ce dernier a été convié, à l'instar de Abdelhamid Mehri, en tant qu'invité pour intervenir et exposer sa vision politique de la situation actuelle du pays. Les observateurs ont aussi remarqué l'absence des représentants des partis politiques algériens à l'ouverture des travaux. Il s'agit d'une attitude de boycott de la part du FFS qui ne croit plus aux «alliances de conjoncture et de hasard». Le FFS a, d'après Karim Tabbou, développé «une allergie pour les alliances de sigles, les alliances archaïques ou à caractère ethnique». Des propos qui marquent un virage dans la manière d'approcher le fait politique en Algérie. Il est désormais question de plus d'ouverture sur la société civile avec des partenaires qui partagent des valeurs et des principes communs. Sur le plan de la gestion interne du parti, les congressistes ont tenu à apporter des mécanismes nouveaux de gestion. Désormais au FFS, le politique primera sur l'organique, une vision qui nous fait rappeler le slogan fétiche du Congrès de la Soumam et de son architecte, feu Abane Ramdane, qui a consacré la primauté du politique sur le militaire et l'intérieur sur l'extérieur. Au fait, le FFS ne veut plus être l'otage de ses propres instances. Les membres du conseil national, qui joue le rôle de Parlement, auront des comptes à rendre à la base qui les a fait élire. Tout élu du FFS sera appelé à renouveler la confiance auprès de sa base. Il est question d'instaurer la démocratie à tous les niveaux des instances dirigeantes du parti. Un comité d'éthique a été créé pour superviser le fonctionnement interne du parti. Une sorte de commission d'audit permanente qui veillera au bon fonctionnement du parti et qui alertera sur tout dépassement constaté. «Les turbulences vécues par le FFS ont servi à la création de mécanismes de stabilité», a commenté l'ex-Premier secrétaire national du FFS, qui se réjouit de la consécration des nouveaux statuts du parti de nouvelles instances de régulation de la vie politique interne. La relation entre les élus et les instance du parti est codifiée. Le congrès a, en outre, mis sur pied trois ateliers de réflexion: l'atelier stratégie politique baptisé au nom de Abane Ramdane, charte et statuts au nom de Larbi Ben M'hidi et Objectifs du millénaire au nom de Belkacem Zemour. Une manière de marquer ce congrès sous le sceau de la Révolution du 1er Novembre. Les 900 congressistes ont conforté la direction du FFS dans sa stratégie de redéploiement. Les prochaines élections locales qui se profilent à l'horizon seront un baromètre pour jauger les capacités et le poids du FFS sur la carte politique nationale. Avec comme conducteur de la locomotive un certain Hocine Aït Ahmed, le chef historique du FFS. Comme quoi, les rumeurs de l'été n'auront vécu que le temps de la période estivale. Le FFS continue son petit bonhomme de chemin d'opposant au pouvoir et au système.