C'est le jour J : le grand rendez-vous du 4e congrès du FFS qui s'étalera sur deux jours, dont les travaux s'ouvrent ce matin à la Mutuelle générale des matériaux de construction à Zéralda. Présenté comme le « congrès du millénaire », il sera présidé par Hocine Aït Ahmed lui-même, arrivé le 1er septembre à Alger après trois ans d'absence. C'est donc un grand jour pour une formation souvent décrite comme la « locomotive » de l'opposition démocratique dans notre pays, et à ce titre, tous les regards seront rivés ce week-end sur ce qui va sortir de ces assises de Zéralda. Quelque 1100 congressistes y sont attendus, en plus des hôtes de Hocine Aït Ahmed comme Mouloud Hamrouche et Abdelhamid Mehri, des représentants de la société civile ainsi que plusieurs invités de structures politiques étrangères, principalement des délégués de l'Internationale socialiste dont le FFS est membre. Ce congrès, est-il utile de le souligner, arrive exactement sept ans après la tenue du troisième congrès qui s'était déroulé du 24 au 26 mai 2000, à Tipaza. Les participants ont pu se plonger prématurément dans le bain en étrennant leurs travaux hier par une convention thématique qui avait pour libellé « Les objectifs du millénaire des Nations unies pour le développement ». La convention a été présidée par Mohand Amokrane Chérifi, expert international, sous le parrainage du premier secrétaire national, Karim Tabbou. Ce que l'on peut dire d'emblée à propos de cet important rendez-vous politico-organique, c'est qu'il devrait permettre à la grande famille du FFS de se retrouver, de se parler et de crever tous les abcès cumulés au gré des conflits internes qui ont miné la vie du parti et qui se sont exacerbés depuis la démission tonitruante de Mustapha Bouhadef du secrétariat national en 2004. Les derniers temps n'ont pas été, faut-il le dire, de tout repos pour la nouvelle direction qui a eu à affronter des menées frondeuses dans nombre de sections. Il y a eu aussi la montée au créneau de certains « historiques » du parti, des « militants de 1963 » auxquels le président du FFS a accordé une audience spéciale hier. Beaucoup a été dit et écrit sur la gestion « jacobine » des affaires du parti, avec un certain ostracisme comme corollaire. L'épisode des militants sévèrement rabroués rue Souidani Boudjemaâ, devant le siège national, a laissé perplexe une opinion publique guère habituée à ce genre de brimades de la part d'une formation fortement ancrée dans la culture démocratique. Autorité suprême et figure arbitrale, Hocine Aït Ahmed, le « patriarche » incontesté, sera certainement très sollicité sur ce chapitre, appelé qu'il est à peser de tout son poids et de toute son aura pour apaiser les tensions qui sourdent et « rabibocher » les frères brouillés. Karim Tabbou avait commencé le travail en annonçant lors de rendez-vous précédents que son parti était sorti de la « zone de turbulences » et que ces remous étaient davantage l'expression d'une « décantation positive ». Et, à propos du « patriarche » Da l'Hocine, certains observateurs voient dans la question de la « succession » au guide octogénaire l'un des principaux enjeux de ce 4e congrès. Une question jugée absurde, au mieux « prématurée » aux yeux de la base, y compris les « jeunes loups » pour qui le vieux leader de 81 ans a encore de belles années devant lui. Le nom de Hamrouche avait surgi à un moment donné en prévision de la présidentielle de 2009, mais la polémique s'est vite tassée tant la perspective d'un FFS sans « Aït » apparaît, pour l'heure, totalement exclue. Toujours est-il que la modernisation du parti dans le sens d'une « dézaïmisation », avec des instances plus autonomes, plus ouvertes et plus souples organiquement, s'imposera sans doute en filigrane du conclave de Zéralda, avec comme objectif tacite le renouvellement de confiance à l'actuelle équipe. L'enjeu, in fine, est le relookage de l'appareil du FFS afin de lui éviter le sort de plusieurs formations d'inspiration traditionnelle « fossilisées » par un mode de fonctionnement archaïque. Sur un autre registre, ce congrès s'annonce comme un forum à même d'ouvrir un large débat pour la relance de l'initiative politique, et ce, dans un contexte où le pays tout entier apparaît comme sclérosé, sentiment accentué par les retombées psychologiques et politiques de la maladie du Président comme l'atteste une certaine déliquescence des institutions et un ralentissement patent du rendement de l'Exécutif. En dernière analyse, le FFS, parti phare, moteur à propositions, est attendu avec force ce week-end sous la férule de son chef charismatique pour donner le la à la rentrée politique et imprimer un nouvel élan à l'opposition tout entière et la société civile qui lui est attachée avec, comme point de mire, l'élection du 29 novembre pour le court terme, rendez-vous que le parti d'Aït Ahmed n'entend certainement pas manquer, lui qui a boycotté tambour battant la législative du 17 mai. L'enjeu, en l'occurrence, sera de « traduire l'abstention du 17 mai en programme politique », selon la formule d'Aït Ahmed relevée dans un message à la conférence nationale de l'audit du FFS (Zéralda, 21-22 juin 2007). En profondeur, le FFS mise assurément sur un projet politique à la dimension de son idéal démocratique, un projet construit autour d'une initiative forte associant un large spectre de forces politiques et citoyennes pour jeter les bases d'une… « 2e République » pour reprendre un autre mot d'ordre cher à Aït Ahmed.