Deux ténors du FLN ont décidé de boycotter la session ordinaire du Comité central prévue à partir de jeudi. MM. Abderrezak Bouhara et Mohamed Boukhalfa, dans une déclaration rendue publique hier, ont justifié leur boycott par le fait que “nous estimons qu'à un moment où la crise du parti a atteint un degré de gravité qui menace son existence même, toute réunion de la direction exige une action politique préalable susceptible de créer les conditions de sa réussite, l'élaboration concertée d'un projet de sortie de crise et la définition des perspectives d'avenir du parti”. Les deux ténors estiment, en outre, que “la prochaine session sera, malheureusement, dominée par un débat de personnes et non pas un débat d'idées et que ses résultats n'apporteront pas des solutions appropriées aux problèmes majeurs qui se posent au parti. Les “cris de guerre” qui se font entendre et les slogans du type “j'y suis, j'y reste”, “que celui qui tient le ciel le lâche”, ne sont pas faits pour régler les divergences qui divisent le parti. Il convient d'aller à une réunion de la direction avec un minimum d'apaisement et de sérénité”. Les deux hommes veulent se situer au-dessus de la mêlée, en affirmant qu'ils sont parvenus “à la conclusion selon laquelle il ne nous est plus possible de continuer à apporter notre caution, au nom de la “discipline partisane”, à des décisions qui ne sont pas soumises à un débat démocratique. Nous avons donc adressé un message au secrétaire général et aux membres du CC dans lequel nous les avons informés de notre absence à la prochaine réunion du CC en exposant notre point de vue sur la situation actuelle de notre parti”. Pour eux, la sortie de crise passe par la tenue d'une session extraordinaire du Comité central consacrée à la sortie de crise et aux perspectives d'avenir du parti. Ils préconisent que l'ensemble des travaux de la session extraordinaire se déroule “dans la plus grande transparence et en présence de la presse nationale”. Ils proposent outre la convocation des membres du CC, en conformité avec les statuts du parti, l'ouverture des travaux aux anciens dirigeants du parti. La sortie des deux membres du Comité central constitue un nouveau coup dur pour la direction actuelle du parti. à la veille d'un rendez-vous que l'on annonce houleux, les opposants à la ligne de Belkhadem ont tenu un meeting à Ksar-Chellala, dans le fief supposé de Belkhadem, où de nombreux militants ont pris part, histoire de prouver à Belkhadem qu'il a tort de les sous-estimer.