Le mouvement de redressement ainsi que des poids lourds du parti utilisent la carte du boycott pour discréditer la direction de Belkhadem. La guerre des coulisses fait rage. La réunion du comité central du FLN est un véritable champ de bataille. Le rendez-vous de demain risque d'être compromis. Les redresseurs et la direction sont à la chasse des militants. L'un appelle au boycott du rendez-vous. L'autre, à savoir la direction, multiplie ses contacts pour réunir sa famille. Chaque partie tente de jouer sa carte pour désavouer l'autre. Tout l'enjeu est là. La réussite ou l'échec de cette réunion s'annonce décisif pour chacune d'entre elles. Le nombre de participants qui assisteront à la réunion de demain confortera ou affaiblira l'autre partie. Cela confirme que la crise qui secoue depuis plusieurs mois la base gagne le coeur du parti. Contestée, la direction veut à tout prix réussir son pari pour étouffer la crise en assurant le quorum. Un défi difficile à relever, sachant que les redresseurs tentent de faire barrage pour discréditer cette instance. Qui réussira ce pari? A 24 heures du rendez-vous, c'est le branle-bas de combat. Les deux protagonistes mènent, chacun de son côté, campagne tambour battant auprès des militants. Au nom du secrétaire général, des membres du BP font des pieds et des mains pour garantir la présence de la majorité des militants. «Des responsables mobilisent tous les membres du comité central», a affirmé une source proche du parti. Le mouvement de redressement de son côté appelle à un boycott massif pour bousculer la direction du FLN. Dans un communiqué rendu public hier, le mouvement de redressement et de l'authenticité assure qu'il ne participera pas au comité central. «Cette décision vient en réponse aux aspirations et voeux des militants de la base afin de ne pas légitimer une instance qui a perdu toute crédibilité en raison du piétinement des dispositions des statuts du parti et de la loi organique sur les partis politiques», souligne le communiqué parvenu à la rédaction. «Nous sommes à plus de 70 membres du comité central dont des responsables leaders qui boycotteront ce comité», a affirmé le chef de file du mouvement de redressement, Mohammed Seghir Kara à L'Expression. Il a fait savoir que des contacts sont en cours pour élargir le message aux militants. Cette décision sera renforcée par le boycott des grosses pointures du Front de libération nationale. Beaucoup d'absents sont annoncés au conclave. «Vous me voyez participer à cette réunion?», répond l'ancien militant et membre du secrétariat de l'instance exécutive, Salah Goudjil. Joint par téléphone, ce responsable explique que tout ce qu'il avait dit n'a pas été entendu par la direction. «Pourquoi voulez-vous que j'assiste à un comité central dont la composante est remise en cause?», a-t-il expliqué. «Le jour où le comité central répondra au règlement intérieur du parti et à la loi sur les partis, je prendrai part à la réunion pour discuter des problèmes du parti», a-t-il précisé. M.Goudjil ne sera pas le seul à déserter les rangs. Abderazzak Bouhara et Mohammed Boukhalfa ont déjà annoncé la couleur. «Nous avons pris la décision de ne pas participer à la session du comité central qui se tient le 23 décembre 2010. Nous estimons qu'à un moment où la crise du parti atteint un degré de gravité qui menace son existence même, toute réunion de la direction exige une action politique préalable susceptible de créer les conditions de sa réussite, l'élaboration concertée d'un projet de sortie de crise et la définition des perspectives d'avenir du parti», expliquent-ils dans une déclaration rendue publique lundi dernier. La position du vice-président du Conseil de la nation et sénateur du tiers présidentiel vient renforcer, par son statut, le clan des néo-redresseurs. Les deux sénateurs ont adressé une lettre au secrétaire général du FLN dans laquelle ils proposent d'ouvrir la réunion du comité central à toutes les parties mécontentes, y compris les militants qui ne sont pas membres pour discuter des problèmes du parti. Ils veulent, à travers cette réunion, trouver une issue à la situation de crise que traverse le parti. Une proposition déclinée par M. Belkhadem qui a refusé de transformer la réunion de demain en une conférence nationale du parti. Pourquoi? Selon une source proche du parti, M.Belkhadem ne veut pas sortir du cadre du comité central. Sachant que cette instance lui est acquise, a priori, M.Belkhadem veut éviter la confrontation avec les frondeurs. Or, la contestation qui gagne les structures de base risque de prendre une tournure très grave avec cette réunion. La gestion des affaires du parti est contestée de partout, même par les membres du comité central dont la majorité des membres remettent en question l'équipe du bureau politique. Une réalité dont est conscient M.Belkhadem. Ce dernier va-t-il opérer un lifting? Selon une source proche, des concertations sont en cours mais la thèse d'un changement est loin d'être confirmée.