à l'issue d'une longue audition qui a duré jusqu'à une heure tardive de la nuit de jeudi à vendredi, le juge d'instruction près le tribunal de Chelghoum-Laïd, dans la wilaya de Mila, a placé quatre officiers dont deux commissaires sous mandat de dépôt, pour “négligence ayant entraîné la mort d'un détenu”, dans le cadre de l'enquête déclenchée après la mort de Kamel Toufouti, dans un commissariat à Constantine. Trois autres agents impliqués dans la même affaire ont, quant à eux, été placés sous contrôle judiciaire, avons-nous appris de sources proches du dossier. Les mis en cause, interpellés car ils assuraient la permanence au moment des faits, survenus le 16 de ce mois, devront répondre de leurs actes devant la justice dans les prochains jours. Le procès, donc, promet des rebondissements d'autant que des sources judiciaires ont révélé qu'un inspecteur de police, B. A en l'occurrence, a déclaré lors de son audition, jeudi, que c'est bien l'un des deux commissaires qui lui a donné l'ordre de placer le détenu dans un bureau (des vestiaires selon certaines sources concordantes) jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprits. Le commissaire en question aurait nié ces déclarations, ajoutent ces sources. Par ailleurs, une vingtaine de policiers ont été auditionnés en qualité de témoins, affirment les mêmes sources, dans une affaire qui a suscité des interrogations mais aussi la colère de la famille de la victime qui crie haut et fort qu'il s'agit d' “une bavure policière” et non d'un suicide, comme il est rapporté depuis quelques jours. Pour rappel, Kamel Toufouti, 41 ans, originaire de la commune de Hamma-Bouziane, distante d'environ 15 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Constantine, a été retrouvé mort dans un bureau au niveau du siège de la sûreté de wilaya, peu de temps après son arrestation par la police, survenue à proximité de la gare routière Est. Il était en état d'ébriété. Ce quadragénaire se serait pendu, à en croire certaines sources policières, à l'aide d'une corde de fortune qu'il aurait fabriquée avec les lacets de ses chaussures. S'agit-il d'une bavure policière maquillée en suicide ? On ignore jusqu'à maintenant ce qui s'est réellement passé lors de la détention de Kamel, ce jour-là, dès lors que la voix de sa famille ainsi que celle des habitants de Hamma-Bouziane rejettent en bloc la version du suicide, qui n'a pas d'ailleurs été confirmée officiellement par la sûreté de wilaya, et qui demeurerait caractérisée par de sérieux dysfonctionnements. En effet, les proches de la victime émettent des doutes quant aux circonstances de la mort tragique de leur fils, arguant du fait que le corps de celui-ci présentait plusieurs ecchymoses au niveau de l'omoplate, la hanche, la cuisse ainsi que des contusions derrière l'oreille. Ils écartent également la version selon laquelle leur enfant aurait été agressé et voulait, une fois conduit au commissariat central, déposer plainte. “Çela n'a pas été le cas. Et pour preuve, ses biens personnels étaient toujours en sa possession”, tenait à affirmer Mouloud, le frère de la victime. Rappelons que, devant l'absence d'informations officielles sur les causes exactes de la mort de Kamel Toufouti, des émeutes ont éclaté, mardi et mercredi passés, dans la commune de Hamma- Bouziane. Des habitants de la cité où résidait la victime ainsi que les proches de celle-ci ont investi la rue pour revendiquer la vérité sur la disparition tragique et “suspecte” du défunt.