La communauté universitaire interpelle le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), à revoir sa décision d'obliger les professeurs à soutenir leur doctorat d'Etat avant le 31 décembre 2010, date limite fixée par le décret exécutif n° 09-89 du 17 février 2009. C'est ce qui ressort d'un communiqué rendu public hier et signé par une centaine d'enseignants universitaires. À cet effet, une pétition vient d'être lancée en signe de protestation contre cette décision. Les professeurs demandent à leur tutelle ainsi qu'aux pouvoirs publics la prolongation du délai de la soutenance du diplôme de doctorat d'Etat et la mise en place des mesures urgentes pour permettre de soutenir cette thèse dans de meilleures conditions. Cette décision intervient quelques mois après l'annonce du président de la République, lors de l'ouverture de l'année universitaire 2010-2011, de la révision à la hausse des salaires de la communauté universitaire et surtout des enseignants-chercheurs. Dans leur pétition, les protestataires rappellent qu'à ce jour 700 enseignants-chercheurs sont encore inscrits pour le diplôme de doctorat d'Etat réparti dans les universités et les grandes écoles du pays dont : l'USTHB (Alger), l'ENP (El-Harrach), l'ENSA (ex-INA), l'EPAU (El-Harrach), l'université Benyoucef- Benkhedda d'Alger, l' université d'Alger 2, l'université d'Alger 3, l'université Mouloud- Mammeri de Tizi Ouzou, l'USTO (Oran), l'université d'ES Senia (Oran), l'université Aboubeker-Belkaïd de Tlemcen, l'université Djilali-Liabès de Sidi Bel-Abbès, l'université Ferhat-Abbas de Sétif, l'université El Hadj- Lakhdar de Batna, l'université Mentouri de Constantine et l'université Badji-Mokhtar d'Annaba. La communauté universitaire impute le retard accusé par certains chercheurs à la crise politique, sécuritaire et économique vécue par la société algérienne dans les années 1990 ainsi qu'à la dégradation des conditions socioprofessionnelles des enseignants du supérieur. Ils évoquent également l'absence totale des conditions scientifiques et pédagogiques nécessaires à la réalisation d'un projet scientifique et pédagogique comme la préparation et la soutenance d'un diplôme de doctorat d'Etat. L'engagement de nombreux concernés dans les nombreuses activités pédagogiques, comme la responsabilité durant deux décennies de la coordination de l'enseignement dans les troncs communs, l'encadrement des PFE (Projets de fin d'études) des diplômes de DEUA, Licence, DES et d'ingénieurs, et tout récemment dans la mise en place du système LMD, sont également rappelés pour justifier les retards. Certains concernés affirment avoir assuré durant des années, des tâches administratives. Par ailleurs, les signataires reconnaissent que le MESRS a pris depuis 2006 certaines mesures, tel l'octroi de bourses d'études à l'étranger pour la finalisation des thèses ou l'allègement des charges pédagogiques pour les projets de recherche CNEPR, ce qui a permis à un certain nombre d'enseignants-chercheurs de soutenir leur thèse de doctorat d'Etat. “Ces mesures doivent être renforcées pour permettre à nos collègues de finaliser leur thèse de doctorat d'Etat”, disent-ils. Depuis la mise en ligne de la pétition, soit le 21 décembre 2010, plus de 100 enseignants-chercheurs ont joint leur voix en soutien à leurs collègues.