Justice divine, justice humaine, décision d'“en haut”. Quoi qu'il en soit, l'issue du procès en appel des ex-cadres de la Cnan, qui s'est déroulé à la fin du mois de novembre dernier, restera sans aucun doute dans les annales. Acquitter cinq personnes après les avoir incarcérées pendant près de six ans, et après les avoir condamnées à 15 ans, voilà un verdict qui ne pouvait pas passer inaperçu. Son impact était encore décuplé par les péripéties du procès. Un procureur général qui demande la perpétuité et un juge, quelques jours après, proclamant l'acquittement, cette affaire Cnan aura tenu en haleine plus d'un jusqu'au bout. Beaucoup a été écrit sur les dessous de cette affaire et sur les “vrais coupables” de ce qui s'était passé lors de la fameuse nuit du 13 novembre 2004. Cependant, un des points les plus étonnants lors des cinq jours qu'a duré le procès était le fait d'avoir transformé le tribunal correctionnel d'Alger en un lieu de rencontres des... cadres algériens. Parmi ceux qui se déplaçaient quotidiennement, tout au long des cinq jours qu'a duré le procès, il y avait de très nombreux cadres. Ils ont, ou avaient, tous des postes de responsabilité dans des institutions étatiques. Les uns venaient en signe de solidarité avec les accusés de la Cnan, et les autres pour “apprendre” et essayer de connaître les choses pour ne pas finir devant le box des accusés. Bien d'autres suivaient les soubresauts du procès à travers les médias qui couvraient l'“événement”. C'est dire cette incroyable peur qui hante tous les cadres algériens. Prendre un poste de responsabilité en Algérie équivaut à prendre rendez-vous avec la prison. La relation entre la gestion et la responsabilité pénale pose un très gros problème chez nous. L'effet qu'a eu ce procès de la Cnan est plus que désastreux pour l'image du pays, et ce, sur tous les plans. Mais il semble que rien n'a changé et c'est la raison pour laquelle beaucoup ne croient pas à un “réveil” de la justice algérienne. Toutefois, si rien ne semble vraiment bouger du côté des responsables du système judiciaire, des embryons de la société civile est en train d'au moins essayer de faire bouger les choses. Il y a évidemment les jeunes de LMG (Libérez Mohamed Gharbi), mais ils ne sont pas les seuls. L'affaire de l'Institut Pasteur, qui défraye la chronique ces derniers temps, soulève déjà des vagues. Reste à savoir : que nous réservera 2011 ?