Le tribunal d'Alger a condamné à 15 ans de prison les cinq responsables de la direction de la Cnan. Après six jours d'audience sans relâche dans l'affaire du naufrage du navire Béchar, la sentence est tombée. En effet, le tribunal pénal près la cour d´Alger a prononcé, dans la nuit de mardi, une peine de 15 ans de prison ferme à l'encontre du président-directeur général de la compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan), Ali Koudil, et quatre autres cadres de la société. Il s´agit du directeur de l´équipement et des techniques, du directeur technique des navires, de l´inspecteur technique du navire Béchar et du directeur d´équipement des navires. L'annonce du verdict a plongé la salle dans une ambiance houleuse marquée par des cris et des pleurs des familles des accusés. Celles-ci étaient choquées par la décision du tribunal. Le collectif des avocats a, de son côté, fortement contesté cette décision et a décidé de faire appel. Il faut reconnaître que malgré la défense et les arguments avancés par le collectif des avocats, qui a tenté de réduire les charges retenues contre les accusés, les juges ont été sensibles au discours du procureur général. Ce dernier, rappelons- le, avait requis, lundi dernier, la perpétuité pour le P-DG de la Cnan, M.Ali Koudil, au même titre que les quatre autres cadres. Le représentant du ministère public s'est appuyé sur les résultats de l'enquête, laquelle a déterminé que le manque de responsabilité et le non-respect de ses engagements professionnels étaient à l'origine du drame qui causé la mort de 18 membres de l'équipage. Le procureur, dans son réquisitoire, avait complètement écarté la thèse de la force majeure tout en affirmant que «les conditions climatiques n'étaient pas une raison valable pour justifier la catastrophe». La décision de la justice s'appuie beaucoup plus sur les témoignages de deux cadres de la compagnie qui ont affirmé que la catastrophe aurait pu être évitée. Les témoins ont déclaré dimanche dernier, devant les juges, que «la mise en place d'un dispositif de secours suffisant et adéquat aurait permis d'éviter la catastrophe». L'ex-commandant du navire Béchar avait même révélé que «les appels de sauvetage lancés par le commandement du navire n'ont pas été pris en charge par les services concernés aussi bien au niveau de la Cnan que du port d'Alger». Ce dernier avait également confirmé les résultats de l'enquête faisant état que le système de secours défaillant était à l'origine du drame. Le tribunal criminel a également prononcé une peine de deux ans d´emprisonnement ferme à l´encontre des accusés Ben Hamou Mohand Ouramdane, capitaine du navire Béchar et un an d´emprisonnement à l´encontre du nommé Balach Alaoua, mécanicien du navire Batna pour avoir quitté le bateau sans permission. Le directeur technique des navires a été, quant à lui, condamné à une année de prison avec sursis ainsi que l´ingénieur technique chargé du suivi des navires et le mécanicien. La cour a prononcé dix acquittements au bénéfice des travailleurs de la compagnie accusés dans cette affaire. Il faut noter que 26 personnes ont été accusées dans l´affaire du naufrage du cargo Béchar et l´échouage du vraquier Batna. Par ailleurs et au lendemain du verdict, les travailleurs de la Cnan ont contesté et dénoncé la décision de justice. En signe de solidarité avec leurs collègues, ces derniers ont observé un arrêt de travail pendant toute la matinée d'hier. Pour mieux exprimer leur détresse, les travailleurs de la Cnan ont fait retentir les sirènes des navires pendant un bon bout de temps. Une manière également de marquer leur soutien aux responsables de leur entreprise. Enfin, il y a lieu de souligner que 20 mois après la catastrophe, l'affaire du naufrage du Béchar est désormais close.