RESUME : La voyante que Chafika va consulter lui confirme que la femme aux cheveux clairs a un pouvoir sur Djamel. Chafika devra payer très cher pour obtenir un philtre capable de ramener Djamel à la raison. Ayant besoin d'en parler, elle appelle sa fille aînée pour la mettre au courant. 20eme partie Farida semble surprise en reconnaissant la voix de sa mère. Elle s'en inquiète aussi, sachant que si elle appelait, c'est parce qu'il se passait quelque chose de grave. - Maman, qu'est-il arrivé ? Ne me dis pas que papa est souffrant ! - Non, ce n'est pas lui. il s'agit de Djamel, répond Chafika. - Djamel ? Qu'est-ce qu'il a fait cette fois ? l'interroge sa fille. - Il a l'intention d'épouser une vieille, lui apprend-elle. Elle a plus de quarante ans. Elle l'a ensorcelé. J'ai peur que ce soit perdu d'avance. Elle était si sûre d'elle. - Tu as été la voir ? Mais pourquoi ? lui reproche-t-elle. Djamel doit être furieux. Tu sais qu'il a horreur que tu te mêles de sa vie privée ! - Comment pourrais-je rester sans rien faire ? Mais c'est mon fils ! Je ne vais pas le laisser aller droit à sa propre perte ! Il n'a pas trente ans. Il ne pourra même pas avoir d'enfants avec elle. - Maintenant les femmes prennent le risque de tomber enceintes même à quarante-huit ans ! lui assure sa fille aînée. Avec un bon traitement et un suivi chez le gynécologue, tout se passe bien, en général. - Oui, je sais tout cela, soupire Chafika. Seulement si Djamel avait le même âge qu'elle, je n'y aurais vu aucun inconvénient. - Comment voudrais-tu résoudre ce problème ? l'interroge Farida qui se doutait bien que sa mère allait luidemander quelque chose. - J'ai vu une femme qui s'y connaît en philtre et encens. Elle est en train de me préparer quelque chose. Seulement, je ne pourrais pas les approcher. Est-ce que tu pourras le faire pour moi ? la prie-t-elle. - Tu crois en ces choses, maman ? Mais ça ne changera rien à la situation ! Tout est question de volonté, dit Farida. Et de sentiments ! S'il l'aime vraiment. - Je t'en prie ! souffle Chafika. Ne refuse pas de m'aider ! - Je ne t'ai pas dit non, la rassure sa fille. Mais que pourrais-je faire pour toi ? Chafika lui explique ce qu'elle attend d'elle. Elle lui remettra le philtre. Ce sera à elle de le diluer dans du thé ou du jus. Prétextant prendre son parti, elle restera chez lui et en profitera pour brûler l'encens à l'entrée de l'appartement. Farida lui promet de venir en fin de semaine. D'ici là, tout sera prêt. La voyante avait demandé une semaine. Ce n'était que sept jours mais chaque jour était une éternité pour Chafika. Jamais l'appartement ne lui a paru aussi vide. Malgré la présence réconfortante de son mari, elle ne trouve de répit que les rares fois où elle s'endort. Elle avait perdu le sommeil et sans somnifères, elle aurait certainement rendu la vie impossible à son mari. Comme si elle ne l'était pas déjà. Comme prévu, Farida vient le jour même où elle a récupéré la fiole pleine du philtre magique et de l'encens destinés à chasser les mauvais esprits. Ces deux remèdes allaient leur ramener Djamel parmi eux. Toutes deux l'espéraient très fort. Farida va voir son frère à l'hôpital. Elle feint d'être déçue par la réaction de leurs parents. - Ils ne devraient pas te faire souffrir ainsi. Maman est impossible à vivre ! Quand elle déclare la guerre, elle se sert de toutes les armes qui lui tombent sous la main ! dit-elle à son frère. Tu sais, je n'ai aucune envie de rentrer à la maison et d'avoir à supporter sa mauvaise humeur ! Je crois que je vais repartir chez moi. Quand tu auras deux ou trois jours, tu n'auras qu'à venir. Djamel refuse de laisser sa sœur repartir. Il a besoin de se confier à elle. Ils se sont toujours si bien entendus. - Tiens les clefs de mon appart ! dit-il en les lui remettant. Prépare le dîner en attendant que je vienne. Tout en glissant les clefs dans son sac et écoutant attentivement son frère lui expliquer comment retrouver l'appartement, au centre du quartier, alors que leur mère l'y avait déjà emmenée, pour qu'elle ne s'égare pas, Farida se dit que sa mère avait très bien réfléchi à son plan. Tout se passe comme prévu. (À suivre) A. K.