Président de l'association Ouled El Houma, chargé des activités des jeunes non structurés des cités et quartiers et de l'animation en milieu carcéral, ancien arbitre international de football et membre de la Commission inter-sectorielle pour la lutte contre la violence au ministère de la Jeunesse et des Sports, Abderrahmane Bergui a bien voulu nous donner ses impressions sur le phénomène de la violence dans les enceintes sportives. Libérte : Peut-on connaître les raisons des incidents regrettables qui se sont déroulés à l'occasion de certaines rencontres et surtout qui surviennent en début de saison ? ll Abderrahmane Bergui : Les raisons sont simples. À ce jour, depuis qu'on parle de la violence, on n'a pas pu mettre en place un programme d'action concret qui réponde à la réalité du terrain pour faire face à ce fléau. Ajoutez l'absence d'une stratégie coordonnée et concertée des autorités locales telles que l'APC, la DGSN, la Ligue nationale FB, les directions des stades, les comités des supporters et stadiers, la confusion, l'anarchie et l'insécurité qui règnent dans nos stades. Malheureusement, on le constate avec impuissance sans réagir. Quelle est la stratégie que vous préconisez pour éradiquer cette violence ? ll Ce qu'il faut savoir, c'est que certains de nos stades, que ce soit en championnat national ou en divisions inférieures, sont devenus des lieux de conflits entre bandes rivales où règne l'insécurité. La preuve ? Dans presque tous nos stades, nous enregistrons l'absence de spectateurs malgré de très belles affiches et cela est surtout motivé par l'insécurité et la mauvaise gestion des rencontres dans nos stades où certains pseudo-supporters, régnant en maître, imposent leur diktat avec notre silence complice. Aujourd'hui, on se dirige vers le professionnalisme, il y a lieu de s'assumer et de prendre nos responsabilités en nous impliquant sur le terrain pour mettre à exécution toutes les mesures de prévention prises par la commission intersectorielle contre la violence, du ministère de la Jeunesse et des Sports, et je dirais que c'est l'unique moyen de faire face à cette situation qui devient très préoccupante. Il s'agit de s'attaquer directement aux causes, qui sont connues de tous, plus qu'à ses effets. C'est à ce prix qu'on pourra rendre nos stades des lieux de détente, de convivialité et de spectacle. C'est ça le professionnalisme. Comment, d'après vous, peut-on combattre ce phénomène de la violence ? ll Tout d'abord par la prise de conscience collective concernant ce phénomène. Pour le combattre, il n'est pas du ressort uniquement de la FAF, de la Ligue nationale de FB ou de la DGSN, il a été relevé que la violence représente un danger non seulement pour le football mais aussi pour toute la société. Devant cette situation très inquiétante, cela nécessite de grands moyens et la mobilisation de tous et surtout un programme de sensibilisation, de prévention et de persuasion d'une manière continue et durable dans le propre environnement des jeunes tels les cités, quartiers, enceintes sportives et établissements scolaires. Nous avons constaté que cette frange de jeunes, surtout en difficulté et oisive, est confrontée à d'énormes problèmes sociaux face au manque d'animation et de loisirs dans leurs quartiers surtout populaires. Ils n'ont, malheureusement, que le football comme occupation. Pour supporter leurs équipes favorites, ils se déplacent en masse avec tous leurs problèmes qu'on connaît. Certains se comportent d'une manière très violente, que ce soit à l'intérieur ou aux alentours du stade. Cette catégorie de jeunes, que je viens de citer, est fragile et facile à manipuler par les personnes malintentionnées. C'est pour cette raison qu'il faut prendre très au sérieux ce phénomène qui gangrène notre jeunesse et plus particulièrement notre football et qui risque de prendre des proportions qu'on ne pourra maîtriser. Vous avez, tout récemment, organisé une journée de sensibilisation au niveau de la wilaya de Chlef. Qu'en est-il exactement ? ll La journée de sensibilisation et de prévention contre la violence, que l'association Ouled El Houma a organisée en collaboration avec la Direction de la jeunesse de Chlef, avait pour but d'expliquer aux membres présents le rôle du comité de supporters, le rôle du stadier, du responsable du stade et la responsabilité du service d'ordre, du délégué de la Ligue nationale de FB et dirigeants des clubs, afin de déterminer le rôle et la responsabilité de tous les partenaires avec exactitude. Notre association compte, en prévision du professionnalisme de notre football, élargir à d'autres wilayas notre programme de sensibilisation et de prévention qui est placé sous le patronage de M. le ministre de la Jeunesse et des Sports en collaboration avec la DGSN afin d'expliquer et sensibiliser tous les partenaires concernés par l'organisation des rencontres de football. Je saisis cette occasion pour féliciter le wali de Chlef de tout l'intérêt accordé à cette initiative par sa présence et surtout les moyens mis à notre disposition par la DJS pour la réussite de cette journée.