Pour la première fois depuis une éternité, le Mouloudia d'Oran n'a pas valsé avec ses entraîneurs. La stabilité, un terme qui ne veut vraiment pas dire grand-chose du côté d'El-Hamri, semble enfin avoir un sens et se conjuguer correctement avec la fonction d'entraîneur du MCO. La raison principale de ce renouveau est principalement liée à la passion d'un homme, Si Tahar Cherif El-Ouazzani. L'ambitieux entraîneur du Mouloudia a su imposer sa griffe et s'imposer comme le meilleur choix possible en ce début de saison de tous les espoirs pour les Rouge et Blanc.Pourtant, au douloureux et toujours vivace souvenir de la relégation de 2008, Cherif El-Ouazzani pouvait ne pas survivre. Surtout qu'au tout début de la saison qui a suivi, la première et unique de l'histoire du club en seconde division, le défunt président Elimam n'avait pas trop appuyé le maintien de Si Tahar, le poussant vers la sortie avant même d'y entrer et lui préférer l'expérimenté Najib Medjadj pour rassembler un semblant d'effectif et entamer la préparation, avant de le remplacer quelques matches seulement après le coup d'envoi du championnat par Omar Belatoui. Pas rancunier pour un sou et toujours amoureux de son club de toujours, Cherif El-Ouazzani n'hésitera, cependant, aucunement à prêter main forte, conseils et assistance à son ancien coéquipier libéro lors de matches décisifs pour l'accession, tout comme il le fera la saison précédente lorsque le maintien de l'équipe nécessita les efforts de tout le monde. Ce n'est donc pas pour rien que l'un des premiers actes du président Tayeb Mehiaoui, au lendemain de son élection, fut de nommer le champion d'Afrique des nations 1990 à la tête de l'équipe première. Dans sa démarche visant à réunifier la famille mouloudéenne et à (re)donner une chance aux anciens de la maison de démontrer leur compétence et leur attachement au MCO, Tayeb Mehiaoui a ainsi mis Si Tahar Cherif El-Ouazzani devant ses responsabilités. Prenant sa mission à bras-le-corps, l'ancien capitaine emblématique du MCO ne s'est pas dérobé dès lors qu'il s'agissait de permettre à son club de justifier son rang de grand d'Algérie. D'ailleurs, dès sa prise en main de l'équipe et avec des mots d'ordre aussi clairs et significatifs que travail, volonté et sacrifice, l'entraîneur des Rouge et Blanc a surtout voulu rappeler aux joueurs dont il a hérité de la charge que “le MCO n'était pas n'importe quel club”. “Contrairement à ce qu'il a vécu ces dernières années, le MCO ne doit pas avoir comme objectif le maintien en première division pour la simple et bonne raison que le MCO est fait pour jouer les premiers rôles et gagner des titres. Les joueurs qui portent ce maillot doivent bien comprendre et assimiler cela. Ils doivent connaître la riche et longue histoire de ce prestigieux club pour avoir une idée de la lourde responsabilité qu'on porte tous sur nos épaules et les grands espoirs de toute la population qui porte en elle l'amour de ce maillot”, annonçait d'emblée, comme premières résolutions, l'actuel patron technique du MCO. “Vous voulez jouer tout le temps ? Soyez les meilleurs tout le temps !” Et ce respect de l'histoire du club et le désir fou d'en écrire une nouvelle toute aussi riche en consécrations et lauriers imposaient forcément les sacrifices évoqués par l'ancien infatigable milieu de terrain. La discipline, son principal cheval de bataille, allait, ainsi, certes remettre un peu d'ordre dans un vestiaire mouloudéen réputé difficile à gérer, mais allait, aussi, lui donner beaucoup de fil à retordre. Peu habitués à voir leur mentor les réduire à de simples remplaçants ou tout bonnement à d'inutiles spectateurs, les cadres de l'équipe qui ont pour noms Ouasti, Kechamli, Sebbah, Benatia, Daoud, Bengoreine et Bahari ont d'ailleurs appris à s'en accommoder après en avoir fait les frais. “Le plus méritant, le plus en forme, le plus compétitif et le plus sérieux jouera, peu importe le nom ou le statut de celui qu'il aura à pousser sur le banc. C'est de la concurrence que sortent les meilleurs. À ceux qui veulent donc jouer tout le temps d'être les meilleurs à leurs postes” répondra même le cap'tain, comme aiment à le surnommer les proches du club, à ceux qui ont vite fait de ruer dans les brancards et à crier leurs états d'âmes dans les journaux dès lors qu'ils comprirent que les concepts de “titulaire indiscutable” ou “joueur intouchable” n'existaient nullement dans le vocabulaire de Si Tahar. Meilleurs et plus convaincants arguments qui plaident largement en sa faveur, les valorisants résultats de l'équipe en championnat ont, en parallèle, fini par persuader même les plus pessimistes, ceux-là mêmes qui avaient tenté, finalement en vain, de le discréditer aux yeux de son président, qu'il demeurait bien la meilleure recrue du club pour cette première saison de professionnalisme. Pour avoir mesuré de lui-même l'énorme travail accompli, les grands progrès enregistrés et le très encourageant état d'esprit qui règne au sein de l'équipe, Tayeb Mehiaoui, pas peu fier de la troisième place de son team au classement général, semble même s'être réellement assuré de la justesse de son choix, relatif au maintien de Cherif El-Ouazzani à son poste en dépit des tentatives de déstabilisation dont il a fait l'objet et les nombreuses critiques qui fusaient lorsque les Rouge et Blanc étaient encore en rodage. Au pied du podium avec un effectif limité et assez déséquilibré, Si Tahar Cherif El-Ouazzani a relevé bien plus qu'un simple défi de première moitié de saison ; il a surtout prouvé qu'en football, plus particulièrement au MCO, la passion s'accommodait plutôt bien avec la raison. Du moins pour l'instant, puisque pour la première fois depuis une éternité, les passionnés Rouge et Blanc ont eu raison de croire en leur shérif et en sa bonne étoile…