L'ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, cherchant visiblement à rebondir sur les récentes émeutes, en partant du fait qu'elles n'ont pas seulement pour origine la flambée des prix, a rendu public hier un communiqué dans lequel il appelle à “un rassemblement des forces du changement”. Son constat, justifiant cette initiative, est sans appel, “la nation est en danger et le pays à la dérive”, dit-il en estimant que “le moment est venu d'exprimer notre solidarité avec la jeunesse”. L'ancien chef du gouvernement pointe dans son appel la crise de confiance irrémédiable entre le pouvoir et la population. “Les mécontents, c'est-à-dire l'immense majorité de notre peuple, n'ont aucune confiance dans ce pouvoir. Ils ne réagiront positivement à aucun geste des autorités en place. C'est l'impasse”, insiste-t-il en avertissant que “cette double violence du pouvoir et de la société menace de devenir incontrôlable à tout moment”. Après le constat, Benbitour définit les objectifs de son appel. Ils sont trois : le premier est d'“unifier les forces du changement pour obtenir l'instauration des conditions minimales du changement pacifique”, en précisant que ces conditions passent par “la levée de l'état d'urgence, l'ouverture du champ politique avec la possibilité de créer de nouveaux partis politiques représentatifs de la population et de la jeunesse en particulier, ainsi que l'ouverture du champ médiatique”. Le deuxième, c'est la promotion “par une saine compétition politique arbitrée par le peuple lors d'élections non manipulées, l'arrivée à tous les échelons du pouvoir, d'une nouvelle génération de dirigeants politiques, compétents et honnêtes, aptes à mener un véritable programme de développement assis sur un projet démocratique et moderne et à bâtir des institutions et des mécanismes de gouvernance et de fonctionnement solides et modernes”. Le troisième est d'ordre économique, à savoir la sauvegarde des ressources de l'Algérie “par la mise en œuvre des prérogatives de contrôle sur l'Exécutif d'un Parlement légitime en ce qui concerne les recettes d'hydrocarbures”. L'ancien chef du gouvernement, qui avait démissionné en août 2000 pour marquer son opposition à l'adoption par ordonnance de la loi sur les capitaux marchands, met en garde contre les tentatives de récupération de la révolte des jeunes. “Les citoyens, qui se joignent à cet appel, prennent l'engagement de ne pas utiliser le combat de la jeunesse de 2011 à des fins personnelles ou idéologiques, ni d'attiser la violence entre Algériens, ou de prôner l'anarchie ou l'effondrement de l'administration ou de l'état.” Et de conclure son appel en affirmant que “c'est le moment de penser à nos enfants et de construire l'Algérie dont ils vont hériter. Mobilisés et unis, rien ne nous sera impossible”.