RESUME : Après la grande fiesta de l'indépendance, on revient à la réalité. Il fallait reconstruire le pays, et aider le peuple à se relever de son ignorance et de sa misère. Dans les tréfonds du Sud, et les fins fonds des villages perdus dans les montagnes, sévissaient la misère et les maladies. 61eme partie Les épidémies avaient rajouté leur grain, pour décimer des villages entiers. Le typhus, la dysenterie, la typhoïde et le choléra s'étaient propagés comme une traînée de poudre pour endeuiller des centaines de villages. Tous les jours que Dieu faisait, on enterrait des dizaines de morts. Des maisons se vidaient, puis des hameaux, puis des villages entiers. Des gens fuyaient tous les jours leurs patelins. Chacun cherchait un lieu sain et sûr où s'installer. Mais la misère et les maladies les rattrapaient si vite, qu'ils finirent par se rendre à l'évidence. Cette guerre finira par les anéantir tous. Et ce fut le cas pour la plupart. Quelques mois passent. La Casbah reprenait sa sérénité d'antan. L'odeur du jasmin et des plantes odorantes embaumait ses ruelles de mille et une senteurs. Les maisons respiraient enfin cette plénitude tant attendue. Quelques familles avaient préféré quitter ces vieilles maisons mauresque pour emménager en ville dans des appartement plus spacieux et plus confortables. D'autres bien plus attachées à leurs racines, refusèrent de quitter ces lieux où avaient grandi plus d'une génération. La Casbah à elle seule, détenait les secrets de tout Alger. Elle était la mère berceuse des plus grands héros de la révolution et le siège d'importants rendez-vous. De grands noms revenaient sur toutes les lèvres pour désigner ces “ouled el-houma” qui n'avaient pas hésité une seule seconde à répondre à l'appel des leurs aînés. Fettouma en entendant ces échos, de temps à autre, repensait à Mahmoud. Elle revoyait sa jeunesse et ressentait son ambition. Il voulait revenir triomphant ou mourir les armes à la main. Quelques-uns de ses compagnons d'armes – des gens du quartier – lui racontèrent plus d'une anecdote sur lui. Rachid devenait chaque jour de plus en plus fier de son père. Nacer écoutait et tentait de comprendre cette flamme patriotique qui avait animé son paternel jusqu'à le pousser à quitter sa famille et à monter au maquis. À l'école, on leur avait appris que leur pays était la France et leurs ancêtres les Gaulois. Mais ses deux grands-pères et Rachid son frère aîné, lui avaient expliqué certaines réalités dont ils ne se doutaient même pas. Ainsi donc, il avait compris que son pays était l'Algérie. Cette Algérie qui venait de recouvrer son indépendance après plus de 130 ans d'occupation. Ses ancêtres étaient des berbères. Une race connue pour son courage et sa fierté. On lui parla de Gaya, de Massinissa, de Jugurtha, de la Kahina, de Fatma n'Soumer, de l'Emir Abdelkader, de cheikh Ahddad, d'El Mokrani, de Bouâmama et des autres. (à suivre) Y. H.