La société civile commence à s'organiser. Plusieurs syndicats autonomes, des partis politiques, des associations de jeunes ainsi que des comités de quartier prévoient une action nationale pour le 9 février prochain, date du 19e anniversaire de l'instauration de l'état d'urgence en Algérie. Réunis hier à Alger, pour débattre de la situation actuelle du pays, la LADDH, les syndicats autonomes (Snapap, CLA, Cnapest, Satef et Cnes), les partis politiques (RCD, FFS, MDS, PLJ) ainsi que des associations, notamment RAJ, SOS disparus, organisations estudiantines, comités de quartiers, des collectifs de jeunes, des “facebookers”, des chômeurs du Sud, ont été unanimes à dire qu'“il y a un fossé qui s'est creusé entre le peuple et ses gouverneurs. Il faut arriver à recréer une dynamique, une prise de conscience et redonner à la société civile sa crédibilité qui a été longtemps entachée par les discours des politiciens”. Pour cela, ils proposent de se fondre tous dans une coordination nationale afin de mener un combat unitaire et fort. Une coordination, selon eux, qui plaidera la cause de la démocratie, des libertés, des droits de l'Homme et de l'avenir de la jeunesse algérienne avant que le pays ne s'enfonce dans le chaos. “Nous ne voulons plus de la démocratie de vitrine, la politique actuelle du gouvernement algérien pousse le peuple au suicide. Il faut que ça change”, déclare Me Bouchachi, représentant de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH). Il précise que le combat pour le changement est long et doit d'abord débuter par la levée de l'état d'urgence instauré en 1992. L'une des raisons qui pousse la société civile à se mobiliser et à revendiquer la libération immédiate des manifestants ainsi que l'ouverture des champs politique et médiatique, notamment l'audiovisuel. Abondant dans le même sens, M. Mohamed Saïd du Parti pour la liberté et la justice (PLJ) estime que le changement commence par la levée de l'état d'urgence afin d'ouvrir le champ d'expression pour le peuple et d'organiser des marches pacifiques. Les autres partis politiques penchent vers les mêmes propos. “La situation est dangereuse dans le pays. Nous n'avons plus le droit de décevoir le peuple algérien”, a averti M. Kasdi, représentant le parti FFS. Le RCD, qui organise aujourd'hui une marche pacifique à Alger, qualifie la situation d'“explosive” et s'inquiète pour l'avenir “incertain” du pays, d'où la nécessité, selon lui, de l'union de la société civile. “Le RCD n'est que l'initiateur de la marche pacifique prévue aujourd'hui, cette mobilisation est populaire”, précise M. Besbas, député du RCD. Une action à laquelle adhèrent des syndicalistes ainsi que des associations de jeunes. Ces derniers, présents à cette rencontre, se disent acquis à toutes ces idées qui ne sont pas des attaques contre des personnes, mais en veulent à la politique pratiquée et à la mauvaise gouvernance du pays. Abordant les évènements qui secouent la Tunisie, Me Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la LADDH, estime que “le système politique algérien est très complexe comparé à celui de la Tunisie. Nos interlocuteurs au sein du gouvernement ne sont pas les seuls décideurs du pays. Il faut se battre de manière structurée et en rangs serrés en appelant à l'adhésion du peuple algérien afin d'arriver à un vrai changement”. Même avis du côté des syndicats autonomes qui estiment que leur existence sur le terrain n'est pas conditionnée par les augmentations de salaire et les problèmes socioprofessionnels mais que leur mission consiste également à contribuer au changement du système en vue de garantir une réelle représentation du peuple algérien au niveau politique. à noter que les modalités de la marche annoncée pour le 9 février seront débattues vendredi prochain.