Le wali de Béjaïa, Hammou-Ahmed Touhami, a présidé, mercredi, un conseil de wilaya singulier. Singulier d'abord par le lieu choisi, à savoir la Maison de la culture de Béjaïa. Mais aussi par le choix des invités : les cadres de la wilaya (les hauts fonctionnaires et les élus) ainsi que les membres de la société civile. Durant sa longue intervention, plus de quatre heures, le wali de Béjaïa a eu à présenter le bilan des émeutes. En évoquant le mouvement des 6, 7 et 8 janvier derniers, le chef de l'exécutif a eu à faire des digressions et à jeter des pavés dans la mare, qui ne manqueront pas de susciter des réactions. Il a particulièrement insisté sur le saccage ciblé de certaines administrations : les impôts plus particulièrement. “S'ils pensent fuir les impôts, ils se trompent. Des copies sont systématiquement faites”. Idem, poursuit-il, pour les directions des Domaines, de la Conservation foncière mais aussi du service d'enregistrement (Impôts). Tout en insistant sur le fait que tous les manifestants, arrêtés, soient libérés, il a énuméré avec regret que dans le sillage des émeutes plusieurs parties en ont profité pour envenimer les choses. Il citera l'exemple de cet établissement scolaire où on a déboulonné toute une batterie de cuisine avec l'appareillage des chambres froides. On a mobilisé un camion et il y avait plus de 50 personnes pour le charger. À Amizour, des émeutiers ont incendié le siège de la daïra ainsi que la résidence du chef de daïra. Le problème, a déploré le wali, est qu'ils ont pris même des effets personnels du chef de daïra et ceux de sa famille. Pis, ils ont saccagé l'unité d'extrusion aluminium d'Amizour, propriété du groupe privé Aberkane et de l'opérateur public Somacob. Le chef de l'exécutif révèlera devant une assistance, particulièrement attentive, que quelque “200 millions de centimes ont été versés depuis deux sources pour inciter les émeutiers à mettre à sac Alexo”. Accusation, confirmée par le chef de daïra d'Amizour, visiblement encore sous le choc de la destruction de sa résidence. Pis, il dira avant d'être rappelé à l'ordre par le wali de Béjaïa : “Ils sont là parmi nous. Les coupables sont dans cette salle!”.