Alors que les analystes de tout bord sont nombreux à prévoir un fort probable embrasement dans le monde arabe d'une manière générale après la chute du régime de Ben Ali, les Etats-Unis doutent que cette révolte populaire se reproduise dans la région. Les Etats-Unis, qui ont toutes les cartes en main concernant le monde arabe, auquel ils accordent une importance particulière non seulement en raison de ses immenses richesses en hydrocarbures, mais surtout aussi à cause du conflit israélo-arabe, ne partagent pas les avis des experts, qui s'attendaient à un effet domino de l'insurrection du peuple tunisien dans cette partie du monde. Il ne fait aucun doute que la conclusion de Washington repose sur des éléments sérieux et sur les derniers développements dans la région, où la “Révolution des jasmins” a été examinée avec beaucoup d'attention dans plusieurs pays arabes, où elle a inspiré des manifestations sociales et des revendications politiques. À partir de là, le département d'Etat américain a émis, vendredi, de sérieux doutes sur la possibilité de voir la révolte populaire, qui a fait tomber le régime du président tunisien Ben Ali, se répéter dans la région, malgré des traits communs entre les sociétés arabes. Il estime qu'une contagion régionale est écartée. Ce qui ressort de la déclaration du porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley, qui a affirmé : “Je doute qu'il y ait forcément un effet boule de neige.” Interrogé à ce sujet par les journalistes, le responsable du département de Hillary Clinton a expliqué : “Il y a sans doute de larges tendances dans la région, depuis le Golfe jusqu'à l'Afrique du Nord, et les dirigeants doivent trouver le moyen de créer plus de possibilités économiques et politiques pour des populations qui, dans l'ensemble, sont très jeunes. Mais je doute que chaque pays suive le même chemin.” Ceci étant, Philip Crowley, qui a qualifié les évènements de Tunisie d'“histoire fascinante”, a souligné que les Etats-Unis souhaitaient voir se poursuivre le processus de démocratisation du pays. Dans le même ordre d'idées, il avait indiqué la veille que les Etats-Unis sont prêts à assister la Tunisie de “toutes les manières possibles” afin d'aboutir à la stabilité et à l'organisation d'élections “libres et inclusives”. Le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, a précisé, lors de la rencontre à Washington avec la presse étrangère, que son pays est disposé à fournir une “assistance technique” dans la perspective de l'organisation d'élections transparentes. Rappelant que les Etats-Unis continuent de suivre de très près la situation en Tunisie, le responsable américain a lancé un appel à l'ensemble des parties à éviter toute forme de violence. Les Etats-Unis espèrent la stabilisation de la Tunisie après la chute du régime autoritaire de Zine El Abidine Ben Ali, condition essentielle, selon eux, à un processus électoral “crédible”, comme le montre encore le message de Philip Crowley sur Twitter, dans lequel il affirme que “la stabilité politique et sociale est un ingrédient essentiel d'élections crédibles, au moment où le peuple tunisien trace un avenir différent”. Ainsi, l'administration américaine, discrète pendant la plus grande partie de la crise qui a mené au départ du président déchu, avait proposé, mercredi, l'aide des Etats-Unis au gouvernement intérimaire afin qu'il “organise une véritable transition vers la démocratie”.