Résumé : Après la mort de ses parents, Fettouma se retrouve seule dans la grande maison. Un jour, elle constate que cette dernière avait besoin d'être retapée. La bonne femme décide d'entreprendre des travaux dans les plus brefs délais. 65eme partie Le soir même, elle en parle à Rachid qui hoche la tête : - Fais comme tu veux maman. Tu es la seule propriétaire de la maison. - Mais vous êtes tous les héritiers. Le jeune homme hausse les épaules : - Oui. Mais tu sais bien que dans quelque temps, chacun de nous volera de ses propres ailes. - Que veux-tu dire par là ? s'enquit Fettouma, le regard inquiet. Il pousse un soupir : - Maman ! Tu ne vas pas nous garder éternellement dans tes jupons. Nous sommes tous adultes et nous devons penser à notre avenir. - Ça, je le conçois, mais qu'est-ce qui vous empêchera de retaper cette maison, et d'y habiter. Je pense qu'il y a assez d'espace pour tout le monde. - Oui et tant mieux, mais de mon côté, j'ai déjà un appartement en ville. Je vais bientôt y installer mon cabinet, je ne vois pas la nécessité de rester dans cette maison aux murs lézardés. Fettouma se tut. Elle n'avait rien à répondre à son fils aîné. Rachid avait des ambitions, et ce n'est pas en le retenant auprès d'elle qu'elle va l'aider. Non ! Il ne faut pas qu'elle soit égoïste à ce point. Demain, Meriem aussi partira. Elle été déjà promise à un jeune enseignant oranais, qui ne tardera pas à rejoindre sa ville natale. Sa fille se mariera prochainement, il ne restera plus alors que Nacer. Mais ce dernier passe son temps à voyager par monts et par vaux. Cela l'étonnerait qu'il daigne revenir habiter avec elle un jour. Elle se sentait déjà bien seule. Rachid remarque l'air affligé de sa mère, et s'approche d'elle pour lui entourer les épaules. - Pourquoi toute cette tristesse, mère ? Elle lève les bras et lui montre la grande cour et les balcons vides. - Il ne reste plus personne dans cette maison. Rachid ébauche un sourire : - Les gens préfèrent le confort. Ils préfèrent habiter des appartements dotés de salle de bains, de cuisine et de chambres individuelles. Peut-être moins vastes mais plus conformes à notre époque. - Non, Fettouma secoue sa tête. Non mon fils, détrompe-toi. Ce n'est pas tout le monde qui va quitter La Casbah. Regarde donc ces grandes familles, qui habitent des bâtisses plus anciennes que la nôtre, depuis près de cinq générations, pourquoi n'ont-elles donc pas déménagé ? (à suivre) Y. H.