Quand l'absolu, le dogme, la tyrannie et le meurtre tordent trop d'entrailles et bâillonnent trop de rêves… La loi de la relativité est telle que tout doit être changeant et non absolu. Tout ce qui n'est pas changeant devient un dogme. Tout ce qui relève du dogme tendre inévitablement à rompre avec la raison. La raison une fois rompue, la tyrannie s'installe ; et la tyrannie une fois installée, alors la légalisation du meurtre ouvre la voie à la folie dévastatrice. Voilà une spirale dans laquelle tourbillonnent les peuples dominés par les dictatures. Pourtant, diriger, c'est prévoir. C'est anticiper les événements. C'est être capable de devancer les surprises de quelques scénarios soient-elles. Mais le pire des scénarios est justement celui que les dictateurs ne sont pas capables de prévoir. La folie du pouvoir, celle de tous les pouvoirs à tout prix est le pire des vertiges, le pire des aveuglements, la pire des myopies politiques. Chaque siècle a sécrété son poison, et lorsque l'explosion survient, lorsque la déflagration tonne, l'antidote emporte tout sur son chemin. Ainsi en est de la Tunisie et en sera des autres Tunisie, comme très justement l'exposait du doigt Mouloud Mammeri dans son ouvrage l'Opium et le Bâton : “Quand trop de sécheresse brûle les cœurs/Quand la faim tord trop d'entrailles/Quand on rentre trop de larmes/Quand on bâillonne trop de rêves/C'est comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher/À la fin il suffit du bout de bois d'un esclave/Pour faire dans le ciel de Dieu/Et dans le cœur des hommes/Le plus énorme incendie.” A. A. [email protected]