Après une journée calme, où l'on s'attendait plus à une démonstration de force de la part des islamistes, au sortir de la prière de vendredi – ce qui n'a pas eu lieu –, les choses se sont compliquées en fin de journée, lorsque l'armée, qui encerclait les manifestants place de la Casbah en face du premier ministère, s'est retirée, laissant place aux policiers qui ont usé de gaz lacrymogènes pour disperser les campeurs. Une anarchie indescriptible s'en est suivie, l'on parle de plusieurs blessés. La Casbah a été bouleversée, pendant toute la fin de la journée. Les manifestants se sont, alors, dirigés vers l'avenue Habib-Bourguiba où les policiers antiémeutes les attendaient. Des tirs de gaz lacrymogène fusaient de partout, les commerces et autres cafés ont tous baissé rideau, les gens s'abritaient où ils pouvaient. Les manifestants ne semblent pas être prêts à se satisfaire du remaniement de jeudi soir et ne veulent pas que leur mobilisation prenne fin. Mais l'armée, et son homme fort, le général Rachid Ammar, semblent vouloir siffler la fin de la “récréation”. La nuit tunisoise s'annonce houleuse et les tirs retentissent de partout, augurant un lendemain incertain.