Une simple bagarre entre voisins résidant dans la tristement célèbre rue de Laghouat pour le crime qui y fut commis des lustres auparavant a failli dégénérer en émeute dans la nuit du samedi à dimanche à Aflou. Les affrontements survenus entre des jeunes et les forces de l'ordre au centre-ville ont duré de 21h30 jusqu'à 0h30 et se sont soldés par sept blessés, tous des policiers. Un seul dont l'état jugé assez grave (atteint au bassin) fut gardé en observation jusqu'au lendemain. Tout a commencé par une altercation verbale entre un commerçant et ses voisins célibataires originaires de Jijel qu'il accuse d'avoir transformé le logement qu'ils ont loué en lieu de débauche. Le dénommé M., blessé au cours de la bagarre qui s'en est suivie par une bouteille à la tête, appela en renfort ses proches parents. Ameutée par la rumeur selon laquelle les mis en cause étaient en compagnie de femmes et eu égard à des précédents similaires, une foule compacte d'une centaine de jeunes s'est formée devant ce domicile. Devant l'impossibilité de procéder à l'interpellation des mis en cause, les forces de l'ordre qui ne pouvaient prendre le risque d'un lynchage s'en sont remises à l'intervention des notables locaux pour calmer les esprits. Les appels lancés par le maire, un sénateur MSP, un député FLN fraîchement élu, à défaut de parvenir à disperser la foule, eurent pour seul effet de raviver la colère de centaines de jeunes, chauffés à blanc. Déclenchés pour une question de mœurs, les incidents prirent une autre tournure quand les jeunes émeutiers y greffèrent des slogans politiques. Pris à partie et qualifiés de « fraudeurs », d'« usurpateurs », élus et responsables locaux se sont éclipsés face à cette situation à risque. Les policiers qui avaient réussi à faire sortir deux des mis en cause du domicile où ils s'étaient barricadés n'eurent pas la main heureuse pour le troisième. « C'est une femme ! », cria un jeune. Il n'en fallait pas plus pour qu'une pluie de projectiles s'abatte sur le cordon de policiers présents sur les lieux. Les troubles gagnèrent d'autres artères du centre-ville transformées en champs de bataille entre groupes de jeunes et policiers qui s'échangèrent pendant plus de deux heures des jets de pierres. Particulièrement ciblés, plusieurs commerces (cafés et restaurants) ont été épargnés en partie grâce à l'intervention des voisins qui finirent par convaincre les forces de l'ordre de se retirer et de les laisser faire. Les forces de l'ordre n'ont pas eu à faire usage des gaz lacrymogènes, les jeunes en colère finirent par se disperser à 1h. Le centre-ville retrouva son calme. Les renforts des forces antiémeute dépêchées du chef-lieu de wilaya n'ont pas eu à intervenir. A titre préventif, le marché hebdomadaire fut annulé. Les trois mis en cause ont été présentés au procureur de la République qui a décidé du report de leur audition pour un complément d'enquête. A l'heure où l'on met sous presse, la menace d'une reprise (colportée par la rumeur) persiste. Se sentant particulièrement menacés, des commerçants ont tout simplement baissé rideau.