Après un calme précaire durant la journée de jeudi, les émeutes ont repris hier à Oran au niveau de Haï Dhaya (ex-Petit Lac) et de certains quartiers. Comme mercredi, des bandes de jeunes sont descendues dans la rue après la prière du vendredi pour s'attaquer au mobilier urbain et lancer des pierres contre les éléments des forces de l'ordre qui avaient investi, la veille, plusieurs carrefours sensibles du centre-ville et de sa périphérie. La veille, des manifestants avaient tenté d'attaquer des showroms de constructeurs automobiles, mais aucune source n'a pu nous confirmer les faits ni nous fournir le moindre bilan sur ces attaques. Plusieurs jeunes que nous avons rencontrés au niveau de la rue Cavaignac qui relie la rue Ben M'hidi au quartier Saint Pierre, ont déclaré qu'ils répondaient à un mot d'ordre diffusé depuis mercredi sur certains blogs internet. «L'appel était clair et il invitait les gens à investir la rue et tous les espaces publics après la prière du vendredi», dira un jeune. Des groupes de jeunes qui voulaient prendre le contrôle de l'artère principale Larbi Ben M'hidi ont été dispersés par les forces de l'ordre dont des véhicules ont investi jeudi matin certains points névralgiques d'Oran à l'instar des places d'Armes, des Victoires et Hoch. Jeudi en soirée, des manifestants ont occupé le chemin de wilaya 64 dans la localité de Hassi Bounif où ils ont descellé des poteaux d'éclairage public qu'ils ont utilisés pour dresser des barrages sur cette voie. Après l'intervention des éléments de la Gendarmerie nationale le calme a été rétabli. La tension était perceptible au niveau du centre-ville où des jeunes tentaient de se rassembler pour entamer le mouvement de protestation, mais la présence dissuasive des forces de l'ordre empêchait tout départ de ruée. Une source sûre nous a affirmé que depuis mercredi, 52 policiers ont été blessés au cours des événements, et plus de 200 interpellations ont été effectuées. C'est là un premier bilan de cette contestation qui se poursuit sporadiquement et qui peut évoluer vers un embrasement généralisé. D'autre part, le transport ferroviaire entre Oran et la capitale est suspendu depuis jeudi après-midi. Si les dessertes de la matinée ont été normalement assurées, le trafic vers Alger a été suspendu à partir de 15 heures, ont indiqué des sources de la SNTF. Par ailleurs, les habitants de la localité de Sig, dans la wilaya de Mascara, ont vécu une nuit d'enfer jeudi quand des bandes de jeunes se sont attaquées au siège de la daïra, à l'annexe du service état-civil et à la poste. Les émeutiers en furie ont pillé le mobilier du parc de loisir scientifique, le siège de la poste, avant de s'en prendre au distributeur automatique DAB. Le face-à-face entre les policiers et les manifestants s'est poursuit très tard dans une ville emplie de nuages de fumée et de gaz lacrymogènes. Hier, alors que la tension restait vive, les murs et les rues de la ville offraient un visage de désolation. Dans la matinée, l'incendie qui avait ravagé le siège de l'annexe de l'état- civil, consumait encore ce qui restait du mobilier en bois qui équipait la bâtisse. Les appels au calme lancés à partir des mosquées, lors de la prière de vendredi, ne semblent pas avoir eu l'impact escompté. Les jeunes continuaient, hier, aux environs de 17 heures d'affluer vers le quartier Petit Lac transformé depuis mercredi dernier en poudrière d'où partaient toutes les étincelles de la contestation.