Les syndicats interpellent le ministre de la Santé pour mettre à leur disposition le projet portant loi sanitaire et leur laisser le temps nécessaire en vue de l'enrichir avant de le soumettre au gouvernement. La réforme de la loi sanitaire est primordiale pour tous les citoyens et ne doit pas être préparée dans la précipitation, sans les partenaires sociaux et, surtout, dans le secret et la confidentialité, soutiennent les syndicalistes. Tant attendue et réclamée par les professionnels et syndicats du secteur, la Conférence nationale de la santé a à peine été ouverte qu'elle a vite suscité le mécontentement des principaux syndicats de la santé. En effet, le Conseil national de la déontologie médicale et l'intersyndicale des praticiens, à savoir les syndicats des praticiens, des spécialistes, des professeurs-docents et celui des maîtres-assistants, ont décidé à l'unanimité de claquer la porte de cette conférence qu'il qualifie de “mascarade et d'alibi pour faire passer un projet de loi sans l'implication des partenaires sociaux”. C'est lors d'un point de presse, tenu hier matin au siège du SNPSP, en présence des membres de l'intersyndicale et du président du Conseil national de la déontologie médicale, que l'annonce a été faite par le Dr Merabet du SNPSP. “Nous avons décidé de nous retirer des travaux de la conférence pour des raisons que nous expliquerons, comme nous voulons dénoncer l'exclusion des syndicats représentatifs et leur remplacement par des organismes non représentatifs”, souligne le Dr Merabet avant que les autres syndicalistes n'interviennent tour à tour. Les quatre conférenciers étaient unanimes à critiquer la démarche de la tutelle qui ne pouvait avoir comme seule “position de principe le retrait pur et simple pour ne pas cautionner une loi à laquelle nous n'avons pas pris part”. Une position qui ne manquerait pas d'entacher la crédibilité des résolutions qui vont sanctionner ces travaux, si résolutions il y aura. Car, à en croire les propos des contestataires, le fameux projet de réforme de la loi sanitaire pour lequel la conférence a été organisée est déjà ficelé. “Nous avons pu avoir une copie et nous avons même commencé à l'étudier en pensant naïvement que le texte allait être distribué lors de cette conférence”, note le professeur Djidjelli. Il semblerait même que le projet de réforme de la loi sanitaire ait été concocté à différents niveaux, à savoir la santé et le Cnes. “Nous avons déjà été conviés par le Cnes dans ce cadre en nous disant que la réflexion a été engagée à la demande de la Présidence, alors que, de son côté, la tutelle a concocté son propre projet dans les couloirs”, note le Dr Merabet. Les conférenciers s'interrogent sur les raisons qui poussent à tenir “top secret et confidentiel un projet de loi qui intéresse tous les citoyens ?” Question : justement, pourquoi tant de suspicion ? Si le projet ou des projets sont finalisés, pourquoi ne pas les rendre publics ? Le professeur Djidjelli répond : “Il y a, quelque part, une lutte de pouvoir. Chacun veut avoir la paternité de la loi. Quand on ne divulgue pas quelque chose, c'est que l'on veut cacher des choses forcément. Beaucoup d'articles du projet ne reflètent pas les attentes des syndicalistes.” Et les professionnels de la santé ne peuvent marcher dans cette combine. “Nous ne pouvons être complices de cette situation de fait accompli”, soutient le Dr Yousfi du SNPSSP. Et d'ajouter : “Des ateliers de 200 à 250 personnes, ce n'est qu'une zerda et non pas un cadre de travail scientifique.” De son côté, qualifiant la conférence de “grand- messe où nous avons été conviés 24 heures avant pour faire de la figuration”, le Dr Bekkat dira que “les ateliers étaient présidés par des gens qui n'avaient rien à voir avec la déontologie”. Autres questions : quelles répercussions aura ce retrait sur les négociations sociales qui se déroulent au niveau de la commission mixte ? La tutelle ne risquerait-elle pas de faire du chantage ou solder ses comptes avec les contestataires ? Les syndicats dissocient les deux volets mais comptent prendre le risque, et si cette option se confirme, “des dispositions seront prises et nous avons toujours le droit de revenir à la protestation”, conclut le Dr Merabet.