Cette décision prise par le président de la République vient soulager les gestionnaires publics. L'un des grains de sable qui ont bloqué la machine économique du pays de longues années durant vient d'être dégagé par le président de la République. La dépénalisation de l'acte de gestion, un facteur qui a coupé l'élan pris par l'économie nationale, notamment au lendemain de la hausse des cours du pétrole, vient d'être accordée, enfin, aux gestionnaires publics. À travers une telle mesure, le premier magistrat du pays veut réconforter les responsables des entreprises publiques dans leurs méthodes de management. Il souhaite les mettre à l'aise dans leur manière de gérer, loin de toute pression, pour un rendement meilleur. Les managers disposent désormais de cette liberté d'initiative et de prise de risque. “… J'invite les cadres et gestionnaires publics à s'atteler sereinement à leur mission, en faisant confiance à l'Etat qui les emploie et à la justice indépendante”, a déclaré le président de la République au cours du Conseil des ministres de jeudi. Pour cela, le chef de l'Etat a chargé le gouvernement de préparer les dispositions législatives adéquates. Le but de cette décision est de rassurer davantage les cadres gestionnaires. Il a également mis l'accent sur l'importance qu'il accorde à la préservation des deniers publics et à la lutte contre la corruption. Le renforcement des attributions de la Cour des comptes devrait confirmer, en principe, le choix de la lutte contre ces fléaux, pour lequel a opté l'Etat. Extirper l'acte de gestion de la pénalisation systématique vient, en fait, à point nommé. Car, ce phénomène a été à l'origine des dégâts d'ordre économique et a déstabilisé tant d'entreprises publiques. D'aucuns estiment que prendre des décisions de gestion indispensables au développement de l'entreprise du secteur public devenait trop délicat. La prise de risques sur le plan managérial relevait auparavant du code pénal. Avec cette épée de Damoclès permanente qui pèse sur les dirigeants et ce cadre juridique les importunant, la performance de l'entreprise publique ne pouvait être au rendez-vous. L'on doit se mettre à l'évidence pour dire que le risque dans la gestion a existé par le passé, existe encore et existera toujours. Le risque rime souvent avec gestion. Il est certain que les enquêtes sur la corruption menées depuis deux ans et la volonté de l'Exécutif de contrôler les dépenses publiques ont eu pour conséquence le blocage de l'appareil économique public. Banque : principale victime Des affaires liées aux détournements, scandales financiers et autres bradages de deniers publics dans des entreprises, à l'image de Sonatrach, ont été, en effet, signalées çà et là. Echaudés par l'incarcération de nombreux cadres, les gestionnaires du secteur public hésitent à prendre la moindre décision sans l'aval de leurs supérieurs hiérarchiques de peur d'être emprisonnés. Il est grand temps de donner aux cadres responsables plus de marge de manœuvre pour qu'ils choisissent les meilleures formules qui puissent les aider à améliorer les résultats des sociétés publiques. L'Etat a placé beaucoup d'argent dans ces entreprises. Celles-ci doivent, par conséquent, faire en sorte à ce que cet investissement étatique soit rentable au pays. L'Etat, faut-il le préciser, n'assumait pas la protection qu'il doit aux gestionnaires, surtout ceux exerçant dans le secteur public. Nul ne peut remettre en cause leurs compétences. Or, les décisions qu'ils prennent risquent de leur poser de véritables problèmes allant jusqu'à la pénalisation. Des commis de l'Etat ont été incriminés par rapport à des problèmes de gestion. Par ailleurs, l'un des secteurs-clé qui a souffert de cette pénalisation n'est autre que les banques. La nécessité de dépénaliser l'acte de gestion bancaire en Algérie a été d'ailleurs préconisée, aussi bien par les banquiers et les opérateurs économiques que par les hommes politiques. La dépénalisation décidée par Abdelaziz Bouteflika va, à coup sûr, soulager les banquiers de cette chape de plomb qui les pousse à faire mille calculs avant d'octroyer un quelconque crédit. L'on ne peut, en effet, demander aux banques d'opter pour des secteurs excessivement risqués et faire peser les responsabilités d'échec sur leurs dirigeants et leurs employés, alors que la responsabilité est nationale. Ce qui a fait perdre à l'économie un fort potentiel de financement. Cependant, cette dépénalisation ne doit pas se faire sans garde-fous et la mise en place de mécanismes de contrôle et de prudence du système financier. Reste à savoir si cette mesure présidentielle contribuera de façon concrète à remettre sur les rails l'économie nationale où servira-t-elle uniquement à apaiser les esprits des acteurs d'une scène socioéconomique en ébullition…