Photo :S. Zoheir Par Karima Mokrani Répondant à l'appel du Comité national de défense des droits des chômeurs, nouvellement créé, une vingtaine de jeunes chômeurs, venus d'Alger et de quelques wilayas de l'intérieur du pays, se sont rassemblés, hier, devant le siège du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, réclamant leur droit à un travail décent. Ils étaient animés d'une détermination si grande à faire entendre leurs revendications que les services du ministère s'étaient mobilisés immédiatement pour prévenir des dérapages. Un important dispositif sécuritaire a été déployé pour circonscrire le mouvement de colère. Les manifestants, désespérés, paraissaient ne rien craindre mais ne voulaient pas, non plus, provoquer des troubles. «Nous ne voulons pas créer des problèmes […] Nous ne demandons pas à être des patrons […] Nous ne demandons pas grand-chose. Nous voulons nos droits. Juste un travail permanent et décent», criaient-ils.Devant les caméras et les photographes de presse, nombreux sur les lieux, les jeunes racontaient leur douleur avec fureur, indignation, résignation… mais aussi dérision : «Ils disent qu'il y a du travail à Serkadji et Berrouaghia. Il paraît que c'est très intéressant […] Tu es chômeur depuis 62, ça doit être très riche en enseignements.»Les jeunes criaient, scandaient des slogans hostiles au pouvoir, menaçaient parfois de s'introduire de force dans le bâtiment du ministère, mais, globalement, la protestation était pacifique. Ce qui ne veut pas dire que les choses s'arrêteront là. Bien au contraire, le risque de voir le mouvement s'amplifier et l'action se durcir, dans les prochains jours, est bien réel. «Si les jeunes réclament leurs droits, c'est parce qu'il y a une injustice. Les pouvoirs publics doivent répondre favorablement à nos revendications sinon ce sera la catastrophe», affirmait, sur un ton menaçant, un des manifestants licencié depuis plusieurs années.Samir Laribi, ancien journaliste cachetier à la radio El Bahdja, licencié de la radio après un mouvement de protestation pour sa permanisation, est le porte-parole de cette organisation naissante. Au nom de tous les jeunes chômeurs, il affirme son rejet de la politique de l'emploi menée jusque-là : «Nous dénonçons cette politique de l'emploi. Nous réclamons un travail permanent et décent. Il est injuste de faire travailler des jeunes pendant deux années (voire plus) et puis les remettre au chômage.» Selon lui, le Comité national de défense des droits des chômeurs a des propositions d'alternative pour la création de postes de travail. Il ne demande qu'à les soumettre au ministre : «Nous avons des propositions à faire au ministre mais ce dernier refuse de nous recevoir.» Quelque temps après, une délégation a été reçue par trois directeurs centraux du ministère. Ces derniers se sont engagés à transmettre leurs doléances et leurs propositions au ministre, Tayeb Louh.