Daouadji Azzedine, un Algérien sacré champion du monde de bodybuilduing en 2009. Ce jeune champion de 33 ans, 108 kg, a débuté sa carrière en Algérie avant de partir en France, où il a progressé dans cette discipline. Avec tous les moyens qu'il y a là-bas, Daouadji a pu se frayer un chemin vers la gloire parmi tous les spécialistes du bodybuilding, comme les Allemands, les Américains, les Hongrois et les Russes. Daouadji est méconnu dans son propre pays, alors qu'il est très populaire en Europe et en Amérique. À ce titre, ce champion espère qu'après cet entretien, les Algériens s'intéresseront beaucoup plus à lui, et surtout, qu'ils sachent qu'il y a un Algérien champion du monde en bodybuilding, une fierté pour notre nation, et qu'il représente dignement les couleurs du pays. En plus, Daouadji est un artiste, puisqu'il a joué plusieurs pièces théâtrales et dans un film français, Banlieue 13. Liberté : Présentez-vous au public algérien, M. Daouadji… Azzedine Daouadji : J'ai 33 ans, je suis champion du monde du bodybuilding. Je suis Algérien, bien sûr, et j'ai représenté l'Algérie dans les différents championnats du monde auxquels j'ai participé, en 2007, 2008 ou 2009. Sans oublier différents tournois aussi. Racontez-nous vos débuts dans cette discipline ? En fait, j'ai débuté à l'âge de 14 ans, ici, en Algérie, à Fort-de-l'Eau à Alger, mais vu qu'il n'y avait pas les moyens pour réussir dans mon pays, surtout dans cette discipline qui demande beaucoup de moyens financiers, mon père a préféré m'emmener en France pour progresser. Et effectivement, il a eu raison. En France, j'ai pu m'éclater et retrouver des gens qui s'intéressent à cette discipline. Ils m'ont surtout aidé à devenir ce que je suis maintenant, champion du monde de body- building. Cependant, j'avoue aussi que c'est grâce au champion Benaziza Mohamed, qui a été un grand athlète dans cette discipline, que je me suis lancé dans ce sport et que j'ai aimé le bodybuilding. Que Dieu ait son âme. Comment cela se fait-il que tu sois champion du monde et peu connu en Algérie ? Cela me fait mal au cœur, car à chaque fois que je participais à une compétition internationale, je tâchais de représenter mon pays dignement. Mais je pense qu'à part le football, les instances du sport se désintéressent de toutes les autres disciplines. C'est malheureux, je suis très connu dans le monde entier, en Europe, en France, en Allemagne, en Belgique, où je vis actuellement, mais dans mon pays, les gens ne savent pas qu'il y a un champion du monde algérien qui s'appelle Daouadji. Vous aviez participé à plusieurs championnats du monde ? J'ai participé à trois championnats du monde MR Olympia, en 2007 en Belgique, où j'ai arraché la deuxième place. Une année après, en Grèce, j'ai terminé aussi à la seconde place, mais en 2009, je me suis adjugé le titre devant de grands noms du bodybuilding, comme les Allemands, les Hongrois, les Russes et les Américains. El hamdoullah, ma plus grande satisfaction fut lorsque j'ai vu le drapeau algérien flotter au-dessus des autres drapeaux des grandes nations, vraiment cela m'a fait chaud au cœur. Comment se déroule une compétition de bodybuilding ? Il y a plusieurs athlètes au début, environ 160, qui sont scindés en plusieurs groupes. Chaque groupe avec sa catégorie de poids. Par exemple, les 70 kg, les 90 kg, les +100 kg… Ils feront plusieurs exhibitions et les juges, au nombre de 10, donneront des notes sur 10. Ensuite, ce sera le tour de 10 autres juges, qui donneront aussi des notes sur 10. L'athlète qui récoltera la meilleure notre sera champion de sa catégorie. Et ce n'est pas la fin, puisque les champions de leurs catégories de poids se croiseront en finale pour désigner le champion du monde. Donc, tout un système pour être sacré champion du monde. Vous voyez que ce n'est pas facile de s'adjuger le titre final. Enfin, je remercie Dieu pour avoir réussi à gagner ce titre, puisque j'ai pu rendre le sourire à ma famille et représenter comme il se doit les couleurs de l'Algérie que j'aime énormément. Revenons, maintenant, à vous. Comment faites-vous pour la préparation, sachant qu'en bodybuilding, il faut beaucoup d'entraînements et de moyens ? Effectivement, je m'entraîne trois heures par jour. Un entraînement dur qui demande beaucoup d'efforts et de concentration. Ajoutez à cela une bonne nourriture. Le régime est très important pour un athlète de bodybuilding afin de maintenir sa forme et ses muscles. Cela dit, je dois mettre une croix sur plusieurs aliments comme le sel, le sucre, le pain et plusieurs d'autres aliments. À l'opposé, les viandes blanches, les salades et différents sortes de protéines sont excellents pour un athlète, en plus des fruits et l'eau. Je ne touche pas aux autres boissons, comme les boissons gazeuses et les jus. Quant aux moyens financiers, grâce à mes performances, je me suis fait un nom, que ce soit en Belgique ou en France. Donc, j'ai plusieurs sponsors, Dieu merci, de ce côté-là, je suis bien gâté, je ne manque absolument de rien et je mène ma vie comme je veux. On imagine que vous êtes suivi par plusieurs médecins ? Oui, j'ai trois médecins, de différentes spécialités. Ils me donnent des conseils, ils m'auscultent et me suivent dans mon régime. J'ai aussi un médecin chimiste qui est français, et deux autres Belges, qui suivent de près mon état de santé. En effet, c'est très important pour un athlète de bodybuilding d'être suivi quotidiennement par ses médecins, car ce sport demande beaucoup d'efforts, ce qui pourrait nuire à la santé de l'athlète. Est-ce que vous conseillez aux jeunes algériens de pratiquer cette discipline ? Oui, bien sûr, mais de ne pas faire n'importe quoi. En effet, vous m'avez donné l'occasion de m'exprimer à ce sujet. Chaque fois que je descends en Algérie, je remarque que nos jeunes qui pratiquent le culturisme ne sont pas suivis. Ils pratiquent ce sport de manière anarchique. Même les régimes ou les aliments qu'ils consomment ne sont pas de bons produits ou des produits dopants, comme les mega-masses. La multitude des produits soi-disant pour faire augmenter le volume du muscle, sont tous des faux, il faut s'en méfier. J'espère que l'Etat mettra un terme à l'importation de ces produits parce que ça risque sérieusement plus tard de faire dégringoler leur état de santé. Toujours est-il qu'en Algérie, ceux qui pratiquent le culturisme et veulent réussir n'ont aucune chance de progresser, parce que le culturisme est presque abandonné par nos responsables du sport. Donc, un conseil, quitter l'Algérie pour progresser et devenir professionnel, et faire le même parcours que j'ai fait, car mon plus grand plaisir est que plus tard un gars de mon pays devienne champion du monde, comme j'ai fait moi-même. Vous avez des projets pour l'Algérie à l'avenir ? Oui, bien sûr. J'espère ouvrir une salle de culturisme pour les jeunes qui sont intéressés par ce sport et qui veulent réussir. Je mettrais tous les moyens à leur disposition pour qu'ils réussissent parce que j'aimerais bien qu'à l'avenir un autre Algérien soit le nouveau champion du monde et portera de nouveau le flambeau. Comme je l'ai fait, d'ailleurs, après le regretté Benaziza qui était le premier en Algérie à pratiquer ce sport, mais je vois qu'en Algérie, ils l'ont oublié déjà. Quelles sont les prochaines échéances de Daouadji ? Je dois participer à un tournoi international en Amérique, le tournoi d'Arnold. Il porte le nom du célèbre acteur Arnold Schwarzniwer, qui est un ancien champion du bodybuilding. Ce tournoi va regrouper les meilleurs athlètes de la planète. De ce fait, je dois cravacher dur jusqu'au mois d'avril, date du tournoi, pour arracher la première place, tel est mon objectif. En fait, je dois prouver que je ne suis pas un champion du monde pour rien. Je ne crains personne et je connais mes qualités. Inch' Allah, j'arracherai la première place et je représenterai, une fois de plus dignement les couleurs de mon pays ! Que pense faire Daouadji après la retraite ? Inch' Allah, j'ai programmé de mettre fin à ma carrière vers 40 et 45 ans. Après, j'aimerai bien me consacrer sur mon projet que j'ai déjà dévoilé, à savoir ouvrir une salle de culturisme pour les athlètes professionnels. En plus, j'ambitionne de devenir juge, histoire de rester dans le domaine. Ce qui est très intéressant pour moi, après la retraite bien sûr. Enfin, j'espère que les instances concernées de mon pays s'intéresseront un peu plus à ce sport, car il y a beaucoup de jeunes qui veulent passer professionnels, mais ils n'en ont pas les moyens en Algérie. Je citerais le cas de Chouia Djafer, qui est le champion d'Algérie. Je profiterais de l'occasion pour dire que je vais faire tout mon possible pour l'aider à partir à l'étranger et passer pro, car, en Europe, il trouvera toutes les conditions nécessaires pour réussir.