Les autorités sont visiblement plus que jamais résolues à empêcher la marche prévue aujourd'hui à Alger, à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie. À quelques heures de ce “rendez-vous avec l'histoire”, pour reprendre une formule des initiateurs de la manifestation, le plan “anti-marche” et la “machine répressive” du pouvoir sont mis en place. Plusieurs endroits à Alger sont, en effet, quadrillés par les forces de sécurité. Des camions antiémeutes et des canons à eau sont stationnés dans des endroits stratégiques aux alentours de la place du 1er-Mai, d'où devrait théoriquement s'ébranler la manifestation. Au carrefour de la Maison de la presse, près de l'entrepôt de l'Etusa, là où un barrage fixe est établi depuis maintenant quelques années, une dizaine de camions de police et un canon à eau sont stationnés depuis la fin de matinée d'hier. Sur le boulevard de l'Indépendance, une vingtaine de voitures de police de marque Nissan et des Golfe sont stationnées en file. Même décor à la place Maurétania, à un jet de pierre du commissariat central. Plusieurs véhicules de police et d'autres camions chasse-neige sont stationnés, suscitant même la curiosité des passants. Un dispositif similaire est également visible à la place des Martyrs, point de chute de la marche. Chose inhabituelle, des policiers armés se tiennent debout près des convois, épiant le moindre rassemblement. Et ce n'est pas tout. Des arrestations sont même opérées à l'encontre des potentiels marcheurs. C'est le cas d'ailleurs de ces étudiants venus de Tizi Ouzou, arrêtés à la place Audin, en plein cœur d'Alger, et conduits au commissariat, avant d'être relâchés. La veille, quelques animateurs de la coordination ont été arrêtés à Oran, alors qu'ils distribuaient des documents appelant à la marche avant d'être relâchés. Selon certaines sources, quelque 30 000 policiers sont mobilisés pour empêcher la marche de demain, interdite par les autorités. L'action des services de sécurité depuis quelques jours montre que les autorités entendent étouffer en amont la manifestation avant de chercher à la contenir en aval.