Selon les estimations du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, 43 295 nouveaux cas de cancer seront enregistrés en 2012 dont 19 880 chez les hommes et 23 415 cas chez les femmes. La prévalence de ce genre de pathologie sera donc en nette augmentation par rapport aux données de 2009, année durant laquelle le nombre de personnes nouvellement atteintes par le cancer était de l'ordre de 39 713 cas dont 20 867 cas chez les femmes et 18 884 chez les hommes. Dans le but de connaître le profil épidémiologique de la maladie cancéreuse dans le pays, des registres du cancer ont été mis en place dans différentes régions, vers la fin des années 1980, permettant ainsi la localisation des néoplasiques prévalant aussi bien chez le sexe masculin que féminin et surtout d'engager un certain nombre d'actions entrant dans le cadre de la lutte contre le cancer telles que les campagnes de dépistage du cancer du col de l'utérus et du sein, les plus dominants chez la femme, notamment après la quarantaine. Les tumeurs du colon, des poumons, du col de l'utérus et de la prostate, demeurent les plus répandus en Algérie, avec un taux de prévalence de 50%, pour une moyenne d'âge de 59 ans chez l'homme et 51 ans chez la femme. Les types de cancer fréquents chez les hommes sont celui des poumons, de la vessie, de l'appareil digestif, du colon, du rectum et de la prostate, soit 52,5% du taux global de prévalence de cette maladie chez le sexe masculin. Les femmes sont plus sujettes au cancer du sein, des ovaires et du col de l'utérus, outre le cancer du colon et du rectum avec un taux d'atteinte global de 68%. Le taux élevé de la prévalence des cancers ces dernières années est expliqué par le changement du mode de vie sociale, le vieillissement de la population, la sédentarisation, les changements de l'alimentation et l'inadéquation et la déliquescence du système sanitaire. En effet, près de 35% des protocoles de traitement en vigueur ne sont pas respectés par les médecins, en raison de la surcharge que subissent les hôpitaux spécialisés. Cela ajouté à la faiblesse d'un dépistage précoce pour la même raison et les ruptures fréquentes des stocks de médicaments d'oncologie. Plus de 10 000 malades sont en attente de soins en radiothérapie, faute de place dans les quatre centres y afférents, opérationnels sur le territoire national. Les rendez-vous pour une séance de radiothérapie sont donnés sur neuf mois, parfois davantage, à telle enseigne que durant l'été dernier, le chef de service de radiothérapie au centre Pierre-et-Marie-Curie a carrément arrêté de donner des rendez-vous aussi loin, estimant qu'ils ne serviraient de toute manière à rien, puisque il faut commencer le traitement rapidement pour espérer freiner la progression de la maladie. Souvent également, la thérapeutique est lancée tardivement, c'est-à-dire quand il n'y a quasiment plus rien à faire pour sauver le patient. C'est un véritable drame : 80% des cas de cancer sont diagnostiqués à un stade déjà très avancé.