La levée prochaine de l'état d'urgence, en vigueur depuis une vingtaine d'années en Algérie, signifiera un “retour à l'état de droit qui permettra l'expression des opinions”, a affirmé, hier, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, sur les ondes d'Europe 1. “Prochainement, on en parlera au passé, mais je dis bien que la levée de l'état d'urgence interviendra dans les jours prochains”, a déclaré M. Medelci, expliquant que cela signifiera un “retour, en Algérie, à l'Etat de droit qui permet, de manière totale, l'expression des opinions, mais toujours par référence à la loi”. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait déjà annoncé cette mesure le 3 février, lors d'un Conseil des ministres. “Les mesures exceptionnelles, prévues par l'état d'urgence qui permet au ministre de l'Intérieur et aux walis de prendre des dispositions, pourront être levées”, a indiqué le ministre des Affaires étrangères, assurant toutefois que la lutte contre le terrorisme “se poursuivra”. Il a rappelé que le gouvernement algérien, sous la conduite du président Bouteflika, a “ramené la paix, mais n'a jamais baissé la garde contre le terrorisme”. Interrogé sur les manifestations de rue en Algérie, dont celle de samedi dernier, le ministre des Affaires étrangères en a réduit la portée, en affirmant qu'elles “ont bien démontré que ce sont des mouvements minoritaires” qui en sont à l'origine. “D'élection en élection, ces minorités n'ont pas amélioré leurs scores. Et, je suppose que de marche en marche, elles ne feront pas mieux”, a-t-il dit, assurant que les personnes interpellées lors de la tentative de marche de samedi dernier ont été “toutes relâchées”. M. Medelci a relevé, à cet égard, “la force de retenue exceptionnelle” des forces de l'ordre qui, a-t-il dit, “n'ont pas répondu à des provocations et ont reçu des coups qu'ils n'ont pas rendus”. Invité à commenter la présence du numéro deux du FIS (parti dissous) à la marche de samedi et cette “chance” que voudraient prendre les islamistes pour se mêler à l'opposition, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que “les islamistes ont montré leur limite” dans le pays et que “pour en arriver là, l'Algérie et les Algériens ont payé un prix très très fort”. Il n'a toutefois pas exclu une “crainte” de voir le mouvement islamiste essayer de réinvestir la rue. “Rien n'est exclu, il faut rester vigilant. Et cette vigilance, nous l'appliquons au quotidien”, a affirmé le ministre. À la question sur un éventuel changement du gouvernement, il a répondu que “la décision appartient au seul président de la République, qui évaluera la possibilité, comme il l'a fait par le passé, d'apporter des ajustements lorsqu'il le jugera nécessaire”. Appelé à donner sa lecture des derniers soulèvements populaires en Tunisie et en Egypte, le ministre des Affaires étrangères a indiqué qu'“il est difficile de parler à la place des peuples qui sont responsables de leur destin”, rappelant que “l'Algérie a toujours respecté les autres, surtout lorsqu'il s'agit d'un mouvement populaire d'une si grande intensité”.