Le terme “Nouvelle scène musicale algérienne” envahit petit à petit nos médias. Journaux, radios, sites communautaires emploient de plus en plus ce terme. Alors la question se pose, la Nouvelle scène existe-t-elle réellement ? Qui la représente ? La Nouvelle scène est-elle un phénomène récent ou a-t-elle toujours existé ? Mais surtout qu'est-ce que la Nouvelle scène algérienne ? Avant toute chose, par qui est représentée la Nouvelle scène algérienne ? Les médias ont tendance à mettre en avant des groupes tels que Caméléon, El-Dey, Good Noise, The Buckets (groupe originaire de Jijel), les Tata Full…, et par extension d'autres groupes beaucoup moins connus tels que les Tobin Arms, le collectif TAO actuellement concentré à Oran ou les Jaristes. Cependant, il serait absurde de réduire ce mouvement très abstrait à ces quelques groupes. Abstrait, car aucune réelle organisation ou médiatisation massive n'encadre ce mouvement ; en effet, la Nouvelle scène algérienne n'est, à la base, qu'un moyen d'éviter d'employer un terme trop souvent utilisé à tort et à travers : la fusion. Car la plupart des groupes de musique algériens ont du mal à s'identifier aux styles de musiques déjà existants. Par exemple, le groupe Caméléon n'est ni rock, ni raï, ni chaâbi, ni reggae mais bien tout cela à la fois. Mais au-delà de cela, la Nouvelle scène algérienne a une ambition bien plus vaste ; comme l'explique le groupe El-Dey : “Nous pensons que cette appellation est certainement due à la nouvelle vision musicale et à la philosophie de ces groupes, nous assistons à une révolution en termes de thèmes traités, de compositions et de styles musicaux. La fusion de musique algérienne a déjà été faite par d'autres groupes des générations précédentes, les groupes de la nouvelle scène algérienne viennent d'y donner un nouveau souffle.” Ainsi, les quelques groupes qui se réclament de la Nouvelle scène affirment bien qu'un nouveau souffle est donné à la musique algérienne, cependant, El-Dey soulève un point important, le métissage musical n'est pas une idée nouvelle en Algérie, bien au contraire. Revenir aux bases de ce mouvement reviendrait à citer des groupes tels que T34, ou Polyphène ; et plus récemment Cheikh Sidi Bémol ou autre Index qui ont prouvé que métisser de la musique du terroir algérien avec des influences provenant d'ailleurs était un exercice dans lequel ils excellent depuis plus de 30 ans. Cependant, si ce terme apparaît aujourd'hui, c'est bien grâce aux sites communautaires qui permettent de réunir tous ces groupes sous une seule bannière et la musique d'El-Dey et de bien d'autres est belle et bien de la musique algérienne, qui s'adresse aux Algériens, malgré leur influence occidentale. Après est-ce que le terme de Nouvelle scène algérienne perdurera, ce n'est qu'un détail, car ce mouvement existe bel et bien, et surtout sa naissance est spontanée, car elle constitue une sorte de conclusion ou plutôt de renouveau à un mouvement qui prit naissance il y a bien longtemps. En outre, ce mouvement ne se réduit pas à la capitale, car de nombreux groupes de toute l'Algérie correspondent parfaitement aux “critères” qui définissent la Nouvelle scène : les Jaristes d'Oran avec leur métissage principalement de gnawi et de jazz manouche ; Nassim Dendane de Tlemcen et son gnawi aux influences reggae ; Le collectif TAO, originaire de Annaba aux influences principalement reggae et rock mais que seul une personne qui maîtrise un minimum de la culture populaire algérienne pourra pleinement apprécier. Pour conclure, il ne s'agit pas de mélanger des influences d'ici ou d'ailleurs pour faire partie de la Nouvelle scène musicale algérienne, ni même de s'exprimer en arabe ou en français, il s'agit de chanter pour un public algérien. Tant mieux si ces groupes auront du succès à l'étranger, ce ne sera que la preuve que, malgré leur algérianité prononcée, leur musique, comme toute forme d'art, est universelle. N'hésitez pas à découvrir tous les groupes cités dans cet article sur leur espace perso sur facebook et myspace.