Résumé : Zakia réalise qu'ils n'ont pas le choix. Elle demande à son mari de partir dès le lendemain. Eux aussi iront s'installer ailleurs. Elle ignore où. Elle s'inquiète pour son travail. Salem lui conseille d'appeler sa famille. Alors qu'il part, elle a le sentiment qu'elle ne le reverra pas avant longtemps… 13eme partie -Maman, on est contraints de quitter Boghni. On n'y est pas en sécurité. Salem ne pourra plus rentrer à la maison ! - Vous avez reçu des menaces ? demande sa mère. - Je reçois souvent des appels, lui confie-t-elle. Un jour ou l'autre, ils vont s'en prendre à lui. Par mesure de sécurité, il ne viendra plus à la maison. - Et toi, qu'est ce que tu attends ? - J'ai demandé à des amis de voir dans les autres académies s'il y avait des postes libres, lui apprend Zakia. Je n'ai pas encore eu de réponse. - Pour mettre à l'abri ta famille, tu devras te passer de ton travail, pendant quelque temps ! dit la mère avant de lui proposer : Reviens t'installer à la maison. Ta chambre est toujours libre. Peut-être que ton père pourra te trouver un job en attendant que la situation s'éclaircisse et se calme ! - La situation me paraît moins grave maintenant que j'ai pu t'en parler, soupire la jeune femme. Heureusement que tu es venue. Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai souffert de tout garder pour moi. - Si tu veux, je reste. J'appellerais ton père pour lui dire de nous rejoindre, propose Fetoume. Si cela peut te rassurer. - Il refusera de laisser la maison. - Mais qui s'occupera de lui ? - Il est assez grand, pour tout faire, la rassure-t-elle. S'il ne supporte pas la solitude, il nous rejoindra, mais on a besoin de lui, ici. Zakia est heureuse et soulagée. La présence de sa mère ramène en elle un peu de sérénité. Elle est plus tranquille. Quand ses enfants rentrent plus tôt, sa mère est là pour les accueillir. Parfois, elle va les attendre à la sortie et les ramène à la maison. Zakia, qui a plusieurs classes de terminale, a accepté de donner des cours de soutien aux élèves. Elle a aménagé un coin du salon pour les y recevoir. Sa journée de travail ne finit pas à dix-sept heures mais à vingt heures. L'angoisse qui ne l'avait pas lâchée depuis des jours avait fini par disparaître. Il n'y avait plus d'appel. De son côté, son mari la rassurait. Il n'avait reçu ni appel ni courrier anonyme qui purent lui troubler la conscience. Zakia pense alors à un farceur. Elle ne pense plus à quitter Boghni. Sa mère songe même à retourner à Boumerdès. - Je partirai quelques jours avant le Ramadhan, dit-elle un soir. Je vais trouver la maison sens dessus-dessous. Et puis, maintenant qu'on sait que c'était une fausse alerte et l'œuvre d'un plaisantin, je partirai le cœur tranquille. - Oui, la vie a repris son cour normal, répond Zakia. J'avais tellement peur d'avoir à partir, de tout refaire à zéro, on en a tant souffert, pour s'installer ici, avoir notre maison. Partir brusquement, comme ça, parce qu'il y a un danger, tu ne sais plus quoi faire. Pendant quelques jours, j'étais complètement tétanisée. Je n'avais plus ma tête… Hamdoulillah, nous ne sommes plus obligés de partir ! La jeune femme est réellement rassurée. Le silence du téléphone a pu chasser la peur de son cœur. Elle est moins sévère avec ses enfants quand ils traînent sur le chemin de l'école. Sa mère, comme prévu, part quelques jours avant le mois de Ramadhan. Zakia se voit contrainte de demander à sa voisine de lui garder les enfants jusqu'à son retour. Un soir, elle est surprise de trouver un paquet devant l'entrée. Elle pense à un colis. Mais le facteur lui aurait laissé un mot pour qu'elle passe le récupérer. Le paquet était enveloppé mais il n'y a aucun nom et aucune adresse dessus. Le paquet avait été déposé par son destinataire même. Et son contenu est loin d'être un cadeau. (À suivre) A. K.