Le principal problème des opérateurs algériens n'est pas tant dans les objectifs de la politique économique nationale, il est plutôt dans ses modes opératoires et dans la façon dont elle est déclinée sur le terrain. Le Conseil des ministres, réuni mardi, a annoncé d'importantes nouvelles mesures en faveur de l'économie. Ainsi, en complément aux exonérations fiscales prévues par le code des investissements, le Conseil des ministres a adopté des dispositions nouvelles favorisant la création de petites et moyennes entreprises. Au titre du foncier, pour l'investissement, le Conseil des ministres a autorisé, sur la base d'un cahier des charges, la concession, par la voie du gré à gré, des terrains aux investisseurs, avec une redevance locative déterminée par les services des Domaines. Des réductions sur le prix de cette redevance locative, à hauteur de 90% pendant la période de réalisation de l'investissement (3 ans au maximum), et de 50% pendant la période de démarrage de l'exploitation de l'investissement (3 ans au maximum), sont prévues. Dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, la redevance locative sera de un dinar symbolique par mètre carré pendant dix années, et, au-delà, elle sera de 50% de sa valeur domaniale. Au titre de l'amélioration du financement de l'investissement, cinq décisions ont été prises. Le Conseil des ministres évoque la mise à la disposition des banques publiques par le Trésor d'une ligne de crédit à long terme de 100 milliards de DA renouvelable, afin de leur permettre de financer des projets à maturité longue. À partir de mars 2011, des sociétés publiques de leasing destinées à alléger le coût de la location-vente des équipements pour les nouvelles petites et moyennes entreprises qui souhaitent recourir à ce dispositif seront lancées. Les sociétés d'investissement, dont la création par les banques publiques est parachevée, seront, en outre, mobilisées pour gérer les fonds d'investissement des wilayas et promouvoir leur participation au capital des PME. Le Fonds national d'investissement est habilité à intervenir auprès des investisseurs nationaux en engageant des prises de participation à hauteur de 34% dans le capital et le financement, et pour dynamiser la création des PME. Première réaction, le conseil exécutif du Forum des chefs d'entreprise a exprimé sa satisfaction des mesures qui ont été prises. Des mesures, estime le FCE, à même “de lever beaucoup de blocages et de dysfonctionnements dans de nombreux secteurs d'activité”. Le Forum des chefs d'entreprise parle “d'électrochoc positif”. Pour autant, l'organisation patronale s'interroge sur l'application “rapide” de ces mesures sur le terrain. Le principal problème des opérateurs algériens n'est pas tant dans les objectifs de la politique économique nationale, il est plutôt dans ses modes opératoires et dans la façon dont elle est déclinée sur le terrain. Car les mesures prises, mardi, par le Conseil des ministres se traduiront par des modifications dans les textes réglementaires en vigueur actuellement. Les textes d'application seront-ils publiés rapidement ? Les administrations et institutions économiques, à l'image de la Banque d'Algérie, suivront-elles le mouvement ? C'est que les conditions dans lesquelles l'entreprise algérienne évolue quotidiennement demeurent complexes et fortement marquées par des pesanteurs bureaucratiques. Les opérateurs économiques, tout en saluant les mesures “importantes” décidées par le Conseil des ministres, restent dans l'attente d'autres initiatives, pour aider au renforcement des capacités de production, pénalisées aujourd'hui par, entre autres, l'instauration du Credoc comme unique moyen de paiement des importations, l'absence du Conseil de la concurrence, la non-précision des modalités d'importation du matériel rénové, la lourdeur du contrôle technique des marchandises aux frontières, l'inexistence du marché à terme de la devise… Plus que tout, les entreprises ont besoin qu'on leur fasse confiance, qu'on les écoute, qu'on les consulte.