La décision a été prise à l'issue de la réunion des délégués de six écoles. Elle sera probablement entérinée après une nouvelle concertation avec le reste des étudiants. Des réunions sont prévues demain pour trancher la question. Cette option n'est pas à l'ordre du jour au niveau de l'université de Boumerdès, de l'Ecole vétérinaire et de l'Ecole supérieure de commerce qui maintiennent la pression. La vive tension qui a secoué, tout au long de ce mois, les grandes écoles de tout le territoire national et certaines universités, touchées par les modifications du décret présidentiel 10-315, baisse d'un cran. C'est du moins le cas pour les sept principales écoles qui ont lancé la protestation, à savoir l'Ecole polytechnique et celles d'architecture, d'agronomie, d'informatique, des statistiques, des sciences de la mer et des travaux publics. Les délégués de ces établissements de formation supérieure se sont réunis, jeudi, pour débattre des derniers développements de la situation à la lumière des nouvelles décisions prises par le Conseil des ministres et la tutelle. En fait, à elle seule, l'annonce de la décision de l'abrogation du décret présidentiel 10-315 n'a pas incité les étudiants à mettre fin à leur mouvement de grève et à reprendre les cours le lendemain de la tenue du Conseil des ministres. Les revendications estudiantines communes ne se résument pas uniquement aux modifications introduites en 2010 dans le décret présidentiel de 2007. Les étudiants exigent entre autres l'ouverture de concours de magistère et de doctorat au sein de leurs propres écoles. Une revendication à laquelle les grévistes attachent une très grande importance et qui n'a pas été résolue par l'annulation du texte contesté. Logiquement, notent les délégués des étudiants, “nous n'avons pas de raison d'arrêter notre contestation et nous nous sommes mis d'accord pour poursuivre la grève”. L'option de la poursuite du débrayage était donc maintenue, mais après une nouvelle concertation, les délégués ont décidé de prendre la perche tendue par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. “Nous avons su, au niveau de l'école, qu'une note a été adressée aux directeurs et recteurs pour tenir des réunions en vue de la préparation des textes réglementaires régissant les passerelles et les correspondances entre le système classique et le LMD”, révèle un délégué. Et d'ajouter : “Cette nouvelle a changé notre démarche mais ceci ne veut pas dire que nous baissons complètement les bras. Même si la base entérine la décision de la reprise, l'option de la grève sera réactivée en cas de tergiversations ou non-satisfaction.” En d'autres termes, les délégués prévoient de marquer une pause et de profiter du nouvel espace de concertation qui leur est offert dans le cadre des débats qui seront ouverts au niveau des écoles, universités et facultés autour des textes réglementaires. Cependant, avertissent-ils, “nous n'hésiterons pas à relancer la protestation si les participants aux rencontres ne prennent pas en compte nos propositions”. Des fronts de protestation persistent L'option du maintien de la grève a été adoptée au niveau de l'Ecole nationale de vétérinaires d'El-Harrach, de l'Ecole supérieure du commerce d'Alger et de l'université de Boumerdès. Pour le délégué de cette université, “l'abrogation du décret 10-315 n'est que de la poudre aux yeux. Le reste des revendications n'a pas été satisfait. Nous ne pouvons donc pas reprendre les cours”. Il citera, entre autres, l'accès sans condition du DEA au mastère et le recrutement des titulaires de magistère sans l'obligation d'inscription en études doctorales. À vrai dire, le fait que chaque école ou université en colère ait des revendications spécifiques, outre des demandes communes, complique l'adoption d'une position commune. C'est le cas pour l'Ecole supérieure de commerce, dont les délégués reconnaissent que “la grève des autres écoles nous a ouvert les yeux sur notre statut”. Les étudiants se sont aperçus que leur classement dans la catégorie 11 de la grille indiciaire est “dévalorisant par rapport aux conditions d'accès et le diplôme délivré après quatre années d'études”. Les étudiants, en grève depuis vingt jours, prévoient de maintenir la pression jusqu'à ce que leur statut soit valorisé.