Le gouvernement chinois est préoccupé. De nombreux médias étrangers à Pékin ont reçu vendredi des convocations ou des coups de téléphone des autorités chinoises leur enjoignant de “respecter les règlements”, à la veille d'un week-end où les Chinois ont été appelés à des “rassemblements du jasmin”. À Pékin, l'une des 13 villes concernées, le McDonald's devant lequel la population a été appelée à se retrouver sur le site basé à l'étranger boxun.com a vu sa façade entourée de palmiers et de barrières de chantier qui empêchent l'accès. Le réseau social aurait été utilisé pour appeler la population à suivre l'exemple des révolutions arabes... Le site américain LinkedIn, réseau social professionnel sur Internet, a annoncé être bloqué en Chine, après avoir été le vecteur d'une campagne pro-démocratie en ligne inspirée par la “révolution du Jasmin” en Tunisie. “Nous confirmons que l'accès à LinkedIn est bloqué pour certains en Chine. Cela semble faire partie d'une opération de censure plus large qui est en cours actuellement en Chine et qui concerne également d'autres sites”, a indiqué à l'agence France presse, Hani Durzy, porte-parole de la société. Un appel sur Internet, inspiré par les mouvements de contestation dans le monde arabe, invite les Chinois à se rassembler tous les dimanches dans 13 villes pour demander plus de transparence gouvernementale et de liberté d'expression. “Nous invitons chaque participant à se promener, à observer, voire à prétendre qu'il ne fait que passer. Pour peu que vous soyez présents, le gouvernement autoritaire va trembler de peur”, ont assuré les initiateurs des rassemblements, qui se veulent dans l'esprit de la “révolution du Jasmin” tunisienne qui a vu la chute du régime Ben Ali. La semaine dernière, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a encore plaidé pour la liberté sur l'Internet, affirmant que les pays qui censurent la Toile risquaient de subir un retour de bâton. Les autorités chinoises, visiblement nerveuses de voir des rassemblements se produire, potentiellement dans 13 villes du pays, ont procédé à des déploiements policiers dissuasifs, notamment à Pékin et à Shanghai. Tandis que des dizaines de militants chinois des droits de l'Homme font l'objet de poursuites par la police pour avoir relayé l'appel à la population à se rassembler, selon le Centre d'information pour les droits de l'Homme et la démocratie (CHRD). Un scénario identique à celui en cours dans les pays arabes et qui a fait tomber en moins de deux mois deux dictatures, la troisième en marche en Libye. Mais la Chine n'est pas le monde arabe, rétorqueront les bien-pensants. Sait-on jamais quand le feu s'allume... Mais, 2011 reste l'année des libertés et de la démocratie.