Annoncée durant l'élection présidentielle de 2009 par le président de la république, Abdelaziz Bouteflika, lors de son passage dans la wilaya de Biskra, la décision d'effacement de la dette des agriculteurs semble ne pas avoir touché l'ensemble des fellahs. En effet, des jeunes promoteurs de petites exploitations agricoles, des apiculteurs, des aviculteurs, des éleveurs d'ovins, caprins et bovins… viennent de se constituer en un collectif “des agriculteurs exclus du programme de l'effacement de la dette des agriculteurs”, ayant bénéficié d'aide à la création de micro-entreprise (Cnac, Ansej et Anem). Représenté par des agriculteurs venus de 19 wilayas du pays (Tlemcen, Mascara, Tiaret, M'sila, Boumerdès, Mila, Skikda, Tizi Ouzou, Guelma), ceux-ci ont tenu, avant-hier à Tizi Ouzou et une réunion de travail à l'issue de laquelle ils ont adressé une lettre ouverte au président de la république, dénonçant leur exclusion du programme de l'effacement de la dette des agriculteurs, pourtant annoncée. Ils demandent une intervention afin de mettre le holà à cette situation de ségrégation et d'injustice dont ils sont victimes. À travers ce courrier, adressé au premier magistrat du pays, les rédacteurs ont exprimé leur sentiment de “frustration et discrimination suscité par l'administration, ayant appliqué cette décision de suppression de la dette à certains agriculteurs, en excluant d'autres”, ce qui n'a fait “qu'exacerber ce sentiment d'injustice”. Des promoteurs agricoles classés au même titre que les industriels, avec un capital n'excédant pas le plafond de dix millions de dinars, ce qui leur cause des préjudices. Une ambigüité face à la “menace proférée par la Badr de saisir notre matériel de travail et nos biens hypothéqués, si nous ne rembourserons pas notre crédit avec les intérêts et les agios accumulés, risquons de grossir les rangs des chômeurs, car nous sommes pris dans l'engrenage des difficultés conjecturelles et bureaucratiques. Une situation qui a trait à nous écarter des avantages du programme du plan quinquennal 2010-2014”, écrivent-ils, tout en rappelant qu'ils sont “des petits fellahs, mais d'une valeur incommensurable, car nous sommes le socle de cette activité que certains gèrent par téléphone, sans jamais mettre la main à la patte !” Ils demandent un règlement définitif de cette situation qu'ils subissent depuis deux années. À travers un autre courrier adressé au ministre de l'agriculture et du développement rural, ce collectif des agriculteurs exclus du programme de l'effacement des dettes des agriculteurs a sollicité une audience pour faire part de ses préoccupations. Il rappelle au ministre qu'un premier courrier lui a été adressé en novembre 2009, puis un autre en octobre 2010, mais, qui sont restés sans suite.