Le marché algérien a besoin d'expertise, mais aussi de mesures incitatives, pour une montée en régime de l'exploitation des systèmes de monétique. La mission économique Ubifrance a organisé, hier, à l'hôtel Sofitel, une rencontre sur l'offre française dans les secteurs de la monétique et le commerce électronique. Une dizaine d'entreprises françaises, dont certaines sont déjà implantées en Algérie, ont exposé, aux potentiels acheteurs algériens, leur produit et leur savoir-faire en matière de monétique et de commerce électronique. Ubifrance avait déjà planté le décor dans sa note de présentation de la rencontre, indiquant que dans la perspective du développement de la monétique, les autorités algériennes souhaitent connaître l'offre française pour répondre aux besoins, entre autres l'accompagnement d'Algérie Poste dans sa mutation en banque postale, le déploiement de réseaux dans le cadre de la stratégie e-Algérie, le paiement par téléphone portable, tous les types de contenus, La mise à niveau et l'adaptation de la législation actuelle (authentification, certification…), les prérequis réglementaires et culturels etc. Les besoins sont énormes. Le marché algérien a besoin d'expertise pour une montée en régime de l'exploitation des systèmes de monétique. Il y a quelques années des banquiers avaient pronostiqué un développement semblable à celui qu'a connu la téléphonie mobile en Algérie. Excès d'optimisme ? Plus de six ans après son lancement, la monétique n'est encore qu'aux balbutiements en Algérie. Malgré des évolutions remarquables, en matière de cartes de retrait, la culture du cash reste prédominante, ce qui provoque parfois des crises de liquidités. Actuellement, plus de 5 millions de cartes interbancaires sont en circulation. Une infime partie sert aussi bien au paiement qu'au retrait. Entre 400 et 500 terminaux électroniques de paiement ont seulement été installés. “C'est dérisoire”, nous dit-on, relevant “l'évolution extrêmement lente” dans ce domaine. Cependant, Mme Nejla Belouizded, directrice organisation et sécurité à la Société d'automatisation des transactions internationales et de monétique (Satim), a évoqué le lancement de l'opération de paiement par carte interbancaire sur Internet pour l'année en cours. “Le paiement en ligne est destiné aux services, paiement de factures entre autres, offerts par les banques et les grandes entreprises”, a-t-elle précisé. En d'autres termes, on n'en n'est pas encore au commerce électronique. Mme Nejla Belouizded indique que le paiement par carte CIB en ligne est, aujourd'hui, possible et offre un confort et une sécurité dans son utilisation. La plate-forme Aurès de la Satim est facile à intégrer, totalement sécurisée par le système 3D Secure créé par les émetteurs internationaux Visa (Verified By Visa) et Mastercard (Mastercard Secure Code) afin de renforcer la sécurité des paiements en ligne. Cette plate-forme réduit le risque de fraude. Algérie Poste prévoit aussi de développer le paiement électronique. M. Ali Aït Cheikh, chef de projet monétique, relève qu'Algérie Poste a installé plus de 700 guichets automatiques de billets (GAB). 150 000 opérations sont réalisées tous les jours au niveau de ces GAB. Algérie Poste a délivré environ 5 500 000 cartes de retrait. Elle prévoit l'acquisition de 240 DAB supplémentaires. Le marché algérien de la monétique est donc prometteur compte tenu des retards à rattraper. Du coup, il attire des investisseurs. La montée en cadence attendue des cartes interbancaires devrait réduire progressivement la masse de billets de banque en circulation. Lors d'un point de presse, organisé en marge de la rencontre, Mme Nawel Benkritly, ancienne DGA de la Satim, qui a rejoint depuis Metrixware Maghreb, plaide pour des mesures incitatives, pour encourager l'utilisation des TPE citant, entre autres, l'abattement sur la TVA. “Une réflexion dans ce sens est engagée par les responsables du secteur”, a-t-elle indiqué. Mme Nawel Benkritly explique le manque d'engouement des commerçants pour le TPE par la persistance de la culture du paiement cash lors des différentes transactions ainsi que le faible taux de bancarisation. Mme Nawel Benkritly plaide aussi pour un véritable transfert de technologie. “Le besoin pour les opérateurs n'est pas d'avoir un fournisseur de solutions mais d'amener des partenaires étrangers à faire un transfert de technologie”, a-t-elle insisté. Le directeur Algérie d'Ubifrance a annoncé, pour sa part, la tenue les 30 et 31 mars prochains du forum France-Algérie.