C'est tout simplement une situation déplorable qu'endurent les travailleurs de l'Agence de la messagerie express (AME) chargée de la distribution des courriers domestiques, bancaires, des livres et de la presse de l'unité de Bab El-Oued, filiale de l'entreprise nationale de communication, d'édition et de publicité (Anep). En grève depuis deux jours, les travailleurs de l'unité de Bab El-Oued ne comptent pas en rester là. Ces derniers, qui demandent l'intervention immédiate du ministre, réclament une commission de l'IGF pour passer au crible les finances de l'entreprise qu'ils jugent “douteuses” et ont mis en place une plateforme de revendications composée de sept points essentiels pour se remettre au travail, d'autant que la distribution de tous les courriers et de la presse est à l'arrêt depuis avant-hier. Le point le plus important de cette plateforme reste le départ du directeur régional de manière définitive. “C'est un dictateur et, aujourd'hui, au lieu de le sanctionner pour sa gestion catastrophique de l'entreprise, il vient d'être promu pour occuper un poste au sein de la direction générale. Il est rancunier et il en a après les travailleurs de cette unité”, nous diront les travailleurs que nous avons rencontrés sur place à Bab El-Oued. Les travailleurs ont demandé la réintégration d'une quinzaine de leurs collègues licenciés de manière, disent-ils, “abusive et de ceux qui ont démissionné sous la pression. Il faut également revoir la nomination de certains responsables au sein de l'entreprise qui ne répondent pas aux normes”. Les grévistes demandent, en outre, “l'annulation pure et simple de toutes les décisions disciplinaires prises à l'encontre de certains travailleurs de manière démesurée. Aussi, on demande de profiter de la prime de rendement collectif comme négociée depuis fin 2008 et qui n'a jamais été appliquée, au même titre que les promotions, comme le stipule le même accord. Aujourd'hui, on s'en prend au syndicat, mais on le dit, ce sont les syndicalistes de la fédération qui sont de mèche avec la direction de l'entreprise, et Sidi Saïd doit être au courant”. Néanmoins, et au-delà de ces revendications légitimes, ce qui nous a le plus frappés lors de notre visite, ce sont les conditions de travail. Le siège est à l'image d'un immeuble abandonné et fissuré de partout, où on ne trouve aucun signe digne d'une entreprise publique de la trempe de l'AME. “Regardez par vous-même, c'est un chantier permanent, pourtant des sommes colossales ont été déboursées pour, soi-disant, entretenir et redonner un autre visage à notre entreprise. Mais il ne s'agit là que d'un bricolage qui dure et qui coûte beaucoup d'argent. Aujourd'hui, les autorités, à leur tête le ministre, doivent prendre les choses en main”, diront encore les travailleurs, décidés à aller au bout de toutes leurs revendications.