Le journaliste Abdelbaki Djabali, chef du bureau du quotidien El Watan à Annaba, dont la disparition mystérieuse a défrayé pendant cinq jours la chronique locale et qui a été retrouvé très affaibli mais sauf, tôt dans la matinée de dimanche dernier, non loin de la route menant à Seraïdi, est toujours gardé en observation au niveau du pavillon des urgences du CHU Ibn-Rochd. Maintenu sous perfusion, le journaliste n'a pu être autorisé à regagner son domicile bien qu'il en ait exprimé le désir à plusieurs reprises durant toute la journée d'hier. Fait notable, Djabali, qui déclare avoir enduré le calvaire pendant cinq longues journées, n'a pas encore reçu la visite d'un psychologue, une lacune qui exaspère ses proches. Les rares personnes qui l'ont approché ont également fait ce constat et en ont fait part aux infirmiers du service de réanimation, lesquels se sont dit incapables de prendre la moindre initiative en ce sens, une telle décision étant du ressort exclusif des responsables du CHU. Le chef de bureau d'El Watan a néanmoins repris des forces et a pu nous confier dans quelles circonstances a eu lieu son enlèvement. “J'avais terminé le travail que j'avais eu avec la direction de la CNEP et je me dirigeais vers le bureau du journal qui n'était plus qu'à une cinquantaine de mètres de l'endroit où je me trouvais, lorsqu'une personne de grande taille dont je n'ai même pas eu le temps de distinguer les traits, m'a abordé de face et m'a aspergé le visage et les yeux de ce qui m'a semblé être un gaz lacrymogène. Tout a été si soudain que je n'ai pas eu le temps de comprendre ce qui s'était réellement passé. J'ai été ensuite projeté à l'intérieur d'un véhicule stationné non loin. C'est à ce moment que j'ai réalisé que j'étais victime d'un rapt. Mes ravisseurs, dont je ne saurais dire le nombre sinon qu'ils étaient plus de deux, m'ont immédiatement enfoui la tête dans une espèce de sac et ligoté les poings et les pieds pendant que la voiture démarrait de toute vitesse vers je ne sais quelle direction. Mes yeux me faisaient affreusement mal et mes membres étaient engourdis, sans doute par les effets de gaz. Pendant tout le trajet qui dura un temps indéterminé, je ne pensais qu'à ma mort prochaine et je priais, priais sans cesse. Lorsque le véhicule s'arrêta et qu'on m'en fit descendre, un des ravisseurs me dit ironiquement : “Ainsi, c'est toi l'homme des dossiers !…” C'était la première et la dernière fois qu'on m'adressa la parole durant ma captivité.” Il subira ainsi la “torture chinoise” qui consiste à laisser la victime dans un isolement total sans possibilité de parler ni d'entendre parler. “Je me souviens aussi qu'on me fit ingurgiter un liquide dont l'arrière-goût était amer et qui me fit dormir longuement. Tout ce qui me revient aujourd'hui, c'est lorsque mes ravisseurs me ramenèrent vers Annaba, notamment quand ils me firent descendre de voiture et me retirèrent mes liens et mon bâillon avant de m'intimer, sur un ton menaçant, qu'il m'en coûterait si je m'avisais de me retourner pour les identifier. Le reste, vous le savez…”. Le journaliste devrait quitter l'hôpital aujourd'hui, dans la matinée, et il est fort possible qu'il ne soit plus à même d'en dire plus sur sa pénible mésaventure. A. ALLIA Meeting de la CADC à Irdjen “Non au marchandage de la plate-forme d'El-Kseur” Un foule très nombreuse a assisté, hier, en fin de journée, à un meeting populaire organisé par la CADC à Irdjen, chef-lieu de commune relevant de la daïra de Larbaâ Nath Irathen. D'emblée, les délégués de la Coordination communale d'Irdjen devaient s'attaquer aux élus locaux qu'ils accusent de tous les maux après avoir cautionné “les élections de la honte”. D'autres délégués d'Ath Zmenzer, de Tizi Ouzou et d'Ath Djennad devaient aussi prendre la parole pour apporter leur soutien à la presse indépendante et rappeler leur profond attachement à la mise en application de la plate-forme de revendications d'El-Kseur tout en mettant à l'index les “indus élus” qui ont accepté la “compromission avec le pouvoir maffieux et assassin”. C'est sous les slogans déjà bien connus du mouvement des archs tels que “Ulac smah ulac !” et “Pouvoir assassin”, que tous les intervenants, surtout lorsque Belaïd Abrika devait monter aussi sur la tribune pour rappeler l'essence citoyenne du mouvement des archs et exiger, une fois de plus, la satisfaction pleine et entière de la plate-forme de revendications d'El-Kseur. “Si nous avons choisi de lutter pour la citoyenneté, c'est parce que le pouvoir a décidé de faire de nous des sous-citoyens” devait marteler Abrika sous les applaudissements nourris de la foule. “Le pouvoir a choisi la division pour régner alors que nous avons opté pour l'union afin de le chasser, une union sacrée que nous avons payée par notre sang et notre sacrifice. C'est pour cela que nous acceptons plutôt de mourir que de marchander la plate-forme d'El-Kseur” devait enchaîner Belaïd Abrika à l'issue de ce meeting qui s'est achevé en début de soirée. M. H.