Invité du forum El Moudjahid, le professeur Salim Nafti, président de l'association nationale de pneumo-phtisiologie et chef de service des maladies respiratoires au CHU Mustapha-Pacha, a animé hier un point de presse, en prélude à l'organisation du 14e congrès de la fédération maghrébine des maladies respiratoires qui se tiendra à l'hôtel Hilton du 12 au 14 de ce mois et portera sur le thème “la pathologie respiratoire au Maghreb”. En préambule donc de cette manifestation, le conférencier, connu pour être un fervent militant de l'antitabagisme, a axé le gros de sa conférence sur les conséquences catastrophiques de ce mal sur la santé de la population, tous âges confondus. “Le tabagisme tue 45 personnes par jour en Algérie, soit plus de 15 000 morts par an. Un chiffre, comme on peut le constater, qui est trois fois et demi supérieur à celui dû aux accidents de la route. C'est même le taux le plus élevé des causes de la mortalité. Il est alors temps de le réduire”, entame le conférencier non sans rappeler l'impact sur l'économie, argumentant que pour chaque dinar encaissé sur la vente de tabac, l'Etat débourse quatre à cinq fois plus dans le traitement des maladies causées par le tabagisme. Il abordera également, une autre conséquence, non des moindres, à savoir le tabagisme passif dont est victime l'entourage du fumeur. Selon le spécialiste, une femme sur trois meurt du cancer du poumon lorsque le mari est fumeur et 25% des enfants souffrent de maladies respiratoires dues à la même cause. Tout en annonçant qu'en Algérie 47% des hommes de plus de 15 ans fument alors que ce taux est de 9% chez les femmes, le Pr Nafti attire l'attention sur la propagation de ce phénomène dans le milieu des jeunes scolarisés. “Dans le primaire, 3% des écoliers fument en moyenne trois à quatre cigarettes par jour, dans le moyen 12% des élèves fument entre dix et quinze cigarettes, alors que le tabagisme touche 26% des lycéens où, d'après les statistiques, les filles sont plus accros à la cigarette que les garçons. Ces enfants seront, dans quinze ou vingt ans, de potentiels candidats au cancer du poumon.” Des chiffres, dira l'orateur, résultant d'une enquête menée auprès de 5 500 élèves environ des trois paliers scolaires dans la circonscription administrative d'Hussein-Dey. Les grandes villes restent, selon l'intervenant, plus vulnérables que les campagnes. Un constat étayé par le fait que les grands centres urbains sont déjà pollués par les gaz d'échappement des véhicules plus nombreux. “Dans quinze ou vingt ans, 8 Algérois sur 10 auront des problèmes respiratoires. Et ceci s'applique à toutes les grandes villes du pays”, dira-t-il.