Les maladies respiratoires constituent réellement un problème de santé publique. Des pneumologues maghrébins, réunis depuis hier à l'hôtel El Aurassi à l'occasion de la 11e édition du congrès de la Fédération maghrébine des maladies respiratoires, ont insisté sur l'urgence de la prise en charge de ces maladies. Organisée par la Société algérienne des maladies respiratoires, cette rencontre scientifique vise la coordination des activités et la promotion de la recherche entre les associations scientifiques maghrébines sur les maladies respiratoires au Maghreb, selon le professeur Nafti, chef de service de la clinique des maladies respiratoires Ibn Zhor, à l'hôpital Mustapha Pacha (Alger). Ainsi, la journée d'hier a été consacrée à l'asthme, aux urgences médicales, à la tuberculose contagieuse et non contagieuse ainsi qu'aux effets des problèmes de l'environnement sur la santé respiratoire. Lors d'un point de presse, le professeur Nafti est revenu longuement sur les problèmes liés à cette maladie qu'est l'asthme qui est d'une prévalence de 5% à 10% dans les pays du Maghreb. Revenant sur les facteurs déclenchants, dont la pollution atmosphérique, le tabac, l'environnement, le président de la Société algérienne des maladies respiratoires a souligné que 5 à 10 millions de tonnes de plomb sont déversées dans l'atmosphère. Ce qui cause, d'après lui, 12% de cas d'asthme dans la wilaya d'Alger et 8% à 10% à Annaba et à Oran. Aussi, le nombre de décès suite à des crises d'asthme sévères en raison de la mauvaise prise en charge est de 2% à 3%. Ce qui représente près de 2000 personnes âgées entre 15 et 25 ans. Pour le professeur Nafti, cette situation est due à la mauvaise éducation sanitaire, au coût élevé des médicaments et à la mauvaise automédication. Concernant les médicaments, le professeur Nafti a mis l'accent sur le « non-remboursement de certains médicaments. Pourtant, l'asthme est classé parmi les maladies chroniques. Ils sont près de 1000 asthmatiques », précise-t-il. Quant aux maladies respiratoires aiguës, le chef de service de la clinique des maladies respiratoires a tenu à signaler qu'elles représentent 8 à 9 millions d'infections par an et touchent des sujets âgés entre 0 et 12 ans. Elles sont d'origine bactérienne ou virale. Ces maladies lourdes touchent 15% à 20%. Lorsqu'elles sont mal prises en charge, elles emportent 5% des malades. Au sujet de la tuberculose, un des thèmes principaux de cette rencontre, le professeur Nafti a indiqué que cette maladie est maîtrisable en Algérie, mais note qu'« il y a un relâchement dans la lutte antituberculeuse qui a atteint 20 000 cas en 2004 dont 9 000 de type contagieux. Cette maladie est liée à la pauvreté et à la précarité », a-t-il rappelé, avant de signaler que dans le Maghreb, le Maroc est classé en tête avec 120 cas pour 100 000 habitants par an, qui sera suivi de l'Algérie (60 cas) et la Tunisie (15 cas). Le professeur Nafti a tenu à signaler que l'Algérie dispose de moyens nécessaires pour la lutte contre la tuberculose. En matière de moyens humains, l'on compte 33 000 praticiens dont 800 pneumologues. « 90% de ces spécialistes sont installés au nord du pays. Les zones de l'intérieur et du sud sont démunies », a-t-il déploré et de signaler que la ville d'Alger enregistre un médecin spécialiste pour 600 habitants. Quant à l'approche pratique de la santé respiratoire initiée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la prise en charge des maladies respiratoires et la tuberculose dans les structures de proximité, le professeur Nafti a signalé que le comité est satisfait des résultats. Installée en juillet 2002 par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le groupe de travail a établi un plan tenant compte de l'expérience internationale. La première tâche était de composer un guide technique destiné aux médecins généralistes exerçant dans des unités sanitaires de base, structures de santé de premiers recours prenant en charge les enfants et les adultes qui consultent pour des symptômes respiratoires. Une formation continue des médecins généralistes a été organisée pour l'amélioration du dépistage et de la prise en charge des tuberculeux dans des structures de proximité.