Photo : Makine F. Le président de la Société algérienne de pneumo-phtisiologie (SNPP), Pr Salim Nafti, a mis en garde hier contre la propagation de la consommation de la cigarette dans notre société. «Le tabac tue 15 000 Algériens par an soit 45 personnes chaque jour. Ce chiffre dépasse celui des accidents de la route», a-t-il observé hier lors d'une réunion au forum d'El Moudjahid consacrée au 14e congrès de la Fédération maghrébine des maladies respiratoires (du 12 au 14 mars prochain). «La fumée composée de substances toxiques et cancérogènes comme le monoxyde de carbone (CO) et le goudron contribue à l'émergence de maladies respiratoires et du cancer», rappelle-t-il. D'où le lancement d'une campagne de sensibilisation sous le slogan de «Tous ensemble contre le tabagisme». Pour le président de la SNPP, il faut commencer par lutter contre le tabac qui revient très cher à la collectivité. «Sur 1 DA récolté dans la vente d'un paquet de cigarettes, on débourse 4 à 5 DA dans la prise en charge d'un malade», note-t-il. Mais le tabac n'est pas seulement nocif pour ceux qui le fument. «30 % des femmes dont le mari fume, décèdent d'un cancer des poumons et 25 % des enfants dont les parents fument développent des maladies respiratoires». Face à cette situation le Pr Nafti relève la faiblesse de l'application des lois adoptées dans le cadre de la lutte contre le tabac. «Même le comité national de lutte anti-tabac mis en place au ministère de la Santé et dont je suis le vice-président n'a pu activer faute d'un programme», explique-t-il. L'autre lacune soulignée par le conférencier est relative à la non présentation de l'Algérie d'un rapport à l'OMS comme le stipule la convention cadre de l'organisation onusienne paraphée par l'Algérie en 2006 parmi 196 pays. Un retard de 3 ans est cumulé. La mise en garde du professeur concerne aussi la lutte contre tout mode de pollution, notamment industrielle. «Dans 20 ans, 80% de la population algéroise auront des problèmes respiratoires», prévient-il. Pour le président de la SNPP, «des lois existent et il faut passer à la phase d'interdiction de la vente des cigarettes pour les mineurs et l'augmentation du prix de la cigarette». Et tout en dénonçant la qualité des cigarettes importées car comportant des pourcentages de goudron et autres produits nocifs hors normes, le conférencier met également en garde contre le basculement des consommateurs de la cigarette à la consommation de la chique. Cette dernière, vendue dans les marchés, est de très mauvaise qualité puis-qu'elle renferme «de la poudre de brique, de la bouse de vache et d'autres impuretés».