“La caricature, un dérapage contrôlé”, tel est le thème de la conférence qu'ont conjointement animée Ali Dilem et Jean Plantu les 5 et 7 mars derniers, respectivement à Constantine et à Oran (au Centre culturel français de ces deux villes). Hier, à Alger, les deux monstres du dessin de presse ont rencontré quelques journalistes pour une discussion conviviale autour du dessin de presse et de son impact. Pour rappel, ces conférences, qui étaient suivies d'une exposition itinérante, entrent dans le cadre des activités de l'association pour la fondation Cartooning for Peace (dessins pour la paix). Dans son préambule, Ali Dilem est revenu sur la genèse de ce projet, déclarant que “cette fondation a été créée en 2006, à l'initiative de l'ancien Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et de Plantu”. Et d'ajouter que ce dernier voulait avoir des dessinateurs de presse de différents horizons et coins de la planète, pour promouvoir le message de cette fondation et participer à “éclairer” l'opinion internationale sur une meilleure compréhension et un respect mutuel entre des populations de différentes croyances ou cultures, et ce, à travers le dessin de presse, comme outil de communication et moyen d'expression. Entre autres sujets abordés par les deux dessinateurs, celui des conséquences que peut avoir une caricature. Pour Plantu, il est clair que lorsqu'il réalise son dessin pour le quotidien le Monde, il réfléchit sur sa portée. “Je suis conscient de l'impact de mon dessin”, a-t-il déclaré, ajoutant qu'il en assume les conséquences. Il en est de même pour Dilem qui avoua que ses dessins d'aujourd'hui ne sont pas aussi “vitriolés” comme ceux d'il y a dix ans. Non pas manque d'audace, mais c'est plus “réfléchi”. Toutefois, ceci ne l'empêche pas d'être très critique et dénonciateur, le tout avec humour. Il a ajouté que dans le monde arabe, la presse algérienne jouit d'une meilleure liberté, surtout la caricature. En outre, une comparaison entre la caricature dans les journaux arabophones et francophones. De cette comparaison, il en découle une certaine différence, celle de l'approche. Si le dessin dans un journal francophone se base sur la chose politique, celui d'un quotidien arabophone tend plus vers les problèmes de société. Abordant leur méthode de travail, Plantu confie qu'il fait trois, voire quatre propositions au rédacteur en chef qui, après discussion, lui fait part du choix de la rédaction. “Je suis soucieux de l'avis des autres”, a-t-il ajouté. Quant à Dilem, il a avoué qu'il jouissait d'une certaine liberté. S'inspirant de l'actualité nationale et internationale, il “croque” son sujet et l'envoie à sa rédaction. C'est avec des regards différents, mais qui se rejoignent, que Dilem et Plantu confortent l'idée qu'un dessin de presse à un impact plus grand qu'un article de presse. La raison ? Une caricature peut être interprétée de différentes manières, souvent jamais comme l'a voulu son auteur, mais ça reste un des moyens de communication.