Mise devant ses responsabilités, la Ligue arabe a été acculée à se rallier à l'idée de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, une opération qui sera mise en œuvre après le quitus du Conseil de sécurité de l'ONU. La réunion extraordinaire de la Ligue arabe sur la Libye d'hier, au cours de laquelle l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne a constitué le principal point à l'ordre du jour, a abouti à un accord pour appeler l'ONU à instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye. Seuls onze ministres des Affaires étrangères sur les vingt-deux membres que compte l'institution ont participé à la réunion en présence du secrétaire général, l'Egyptien Amr Moussa. La Libye n'était pas représentée, car sa qualité de membre a été gelée lors de la précédente réunion du 2 mars dernier. Avant même que la réunion ne prenne fin, des diplomates participant à la réunion extraordinaire de l'organisation au Caire, ont révélé aux agences de presse que la Ligue arabe est en faveur d'une zone d'exclusion aérienne en Libye et des contacts avec le Conseil national de transition regroupant l'opposition libyenne. Ces mêmes sources ont affirmé que les ministres arabes des Affaires étrangères “se sont mis d'accord pour inviter le Conseil de sécurité (de l'ONU) à assumer ses responsabilités et à imposer une zone d'exclusion aérienne pour protéger le peuple libyen”. Elles ajouteront que “la décision de la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne a été acceptée par les ministres arabes à l'exception de ceux d'Algérie et de Syrie”. Cette décision, qui est une première du genre, constitue une réponse favorable au Conseil national de transition libyen (CNT), qui avait demandé dans la journée d'hier à la Ligue arabe de le reconnaître en tant que représentant de la Libye et de donner son accord à une zone d'exclusion aérienne. Le CNT demande à la ligue “de mettre fin à l'effusion de sang par le biais d'une décision imposant une zone d'exclusion aérienne en Libye et en reconnaissant le Conseil national de transition comme représentant de la Libye”, avait déclaré à la presse Tahani Slimane Mbarek, membre d'une délégation qui a remis une lettre du conseil au patron de l'organisation, Amr Moussa. Cette délégation, venue au nom du CNT, était composée de représentants des jeunes de “la Révolution du 17 Février”, qui a participé au lancement du soulèvement contre le dirigeant libyen Mouammar Al Kadhafi. Ainsi, Amr Moussa, qui avait plaidé dans une interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, pour une telle mesure, en souhaitant que la ligue “joue un rôle” dans sa mise en place, a fini par avoir gain de cause. La mise en place d'une telle opération nécessite des centaines d'avions pour interdire le survol d'un territoire de près de 1,8 million de km2 et clouer au sol l'aviation libyenne, une arme actuellement utilisée par le régime pour reconquérir les villes aux mains de rebelles moins bien armés. Sur le terrain, l'aviation a lancé deux nouveaux raids sur un poste de contrôle des insurgés à Al-Uqaila, sur la ligne de front entre les rebelles et les troupes régulières dans l'Est. Alors que les loyalistes avancent vers l'Est le long de la côte libyenne, repoussant les rebelles, l'un des fils du leader Mouammar Al Kadhafi a promis “une guerre jusqu'au bout”, se disant confiant dans une victoire des troupes gouvernementales. “Bientôt, tout sera fini”, a dit Seïf Al-Islam Kadhafi à des journaux italiens, affirmant que les troupes du régime avaient déjà repris “90% du pays”.