L'avant-première de la comédie musicale Essaha (la place) a eu lieu avant-hier à la salle El Mouggar, alors que la sortie nationale a débuté hier à Tiaret, Oran, Tizi Ouzou, Annaba et Batna. Cette première tant attendue par le public et surtout par les jeunes a fait l'unanimité lors de la projection ; les spectateurs conquis riaient aux larmes du début à la fin. D'une durée d'une heure cinquante-six minutes, ce long métrage a été réalisé en 2010 par Dahmane Ouzid, scénarisé par Salim Aïssa et produit par Belkacem Hadjadj, en collaboration avec la Télévision algérienne et le Fdatic. Quant à la composition de la musique, de grands artistes ont participé à sa réalisation comme Aminoss, Youcef Boukella et Cheikh Sidi Bemol. D'ailleurs, le film vient d'être primé à la 22e édition du FESPACO par deux distinctions, le prix spécial des Nations unies et celui de la meilleure affiche. L'histoire raconte le quotidien d'un groupe de jeunes d'une cité qui a comme seul endroit de détente et de retrouvailles essaha (la place). Ce lieu délaissé est l'unique espace d'expression, de liberté et de regroupement. Le dialogue du film est en premier lieu le chant, à travers la chansonnette et des chorégraphies de danse, les maux de la société sont dénoncés avec dérision, humour et beaucoup de subtilité. On retrouve des personnages forts sympathiques différents les uns des autres, notamment le jeune Kawazaki, obsédé par la harga ou encore H'chicha le sage et la jolie Kenza qui veut jouer au foot et être indépendante. Tout au long du film, plusieurs tabous ont été brisés, des messages transmis avec finesse et donnaient à réfléchir sur la situation de la jeunesse, du chômage, de la politique, des relations amoureuses et de la condition féminine. Après la projection, un débat a eu lieu avec l'équipe du film pour apporter quelques réponses sur les changements opérés sur le film. “Nous avons écourté le film de quinze minutes, car la première projection au mois d'août était un test. Nous avions peur d'ennuyer le public”, a signalé Dahmane Ouzid. Pour l'afflux du public, Belkacem Hadjadj a confié : “Je suis content que le public soit nombreux, de plus ils ont payé l'entrée pour y assister, alors qu'habituellement, les manifestations sont gratuites.” Et d'ajouter : “La projection restera à l'affiche jusqu'au jour où il n'y aura plus de spectateurs.” Concernant le problème de manque de salles de cinéma dans le pays, la production a opté pour des ciné-bus pour faire découvrir le film “dans toutes les régions”. Par ailleurs, la réadaptation d'Essaha en série télé sera diffusée prochainement sur le petit écran. “Le feuilleton se compose de dix-huit épisodes sur une durée totale de dix heures”, a annoncé Dahmane Ouzid.