Huit longs métrages, trois films pour enfants et deux documentaires, tel est le programme de ce rendez-vous avec le septième art. Organisées par les ambassades du Cameroun, Canada, France, Maroc, République tchèque, Roumanie, Suisse, Tunisie et la Délégation Wallonie-Bruxelles, les Journées du film francophone (du 18 au 23 mars 2011, à la salle Cosmos, Riad El-Feth, Alger) sont une fenêtre ouverte sur la pratique cinématographique actuelle dans ces pays. C'est la Suisse (qui préside l'Organisation internationale de la francophonie) qui a inauguré, vendredi dernier, à 18h, ces Journées du film francophone avec Taxiphone, du réalisateur Mohammed Soudani qui était présent dans la salle. Après un discours de bienvenue du représentant de l'ambassade de Suisse à Alger, et quelques mots du réalisateur qui a exprimé sa joie d'être en Algérie, et retracé très brièvement son parcours, place à la projection. Dès la première scène, le décor est planté : le désert algérien. Taxiphone relate l'histoire d'un couple suisse traversant le grand désert en direction de Tombouctou (Mali), pour livrer un camion à un client. Toutefois, une panne subite contraindra Elena (Mona Petri) et Oliver (Pasquale Aleardi) à modifier leurs plans (ils n'ont pas trop le choix) et s'arrêter à Tar, une oasis dans le Sud algérien, le temps de réparer le camion rouge. C'est compter sans les difficultés de tout genre : pas de pièce de rechange, inexistence d'un garagiste spécialisé. Pour prévenir le client qui attend d'être livré, un seul moyen : le téléphone. Et pour pouvoir téléphoner, un seul endroit : le taxiphone El Mektoub (le destin), géré par Saïd. Un lieu très fréquenté par la population locale. Le séjour tire en longueur. Oliver est très pris par la réparation du poids lourd. Cet état creuse un fossé entre le couple. Elena se sentant abandonnée, négligée, va à la découverte de cette oasis. Elle y fit connaissance avec Aya (Sonia qui parle en français) la voyante ; une jeune femme (Adila Bendimerad parlant avec un accent emprunté, et le français avec l'accent parisien) dont l'époux est un émigré clandestin en Italie, et bien sûr Saïd, le propriétaire du taxiphone… Au-delà de l'histoire du couple helvétique, ce sont d'autres histoires de cette population qui s'y greffent. Des histoires du quotidien, avec des allusions. Bénéficiant du soutient du Fdatic, ce film met en scène une brochette d'acteurs connus. Outre ceux cités précédemment, il y a également Sid Ahmed Agoumi (Youssef) et Bruno Ganz (participation extraordinaire dans le rôle de Coyotte). Taxiphone, un “road movie”, comme qualifié par son réalisateur, est une succession de cartes postales vantant la beauté du désert, d'une part, et du Sud algérien, d'autre part. Une succession d'images et de clichés. C'est une impression du regard d'un “étranger” sur une région qu'il ne connaît pas. Certaines images rappellent l'autre film qui vante également le désert, un Thé au Sahara, du réalisateur Bernardo Bertolucci (sorti en 1990 et inspiré du roman de Paul Bowles, The Sheltering Sky). Ce long métrage de 94 minutes, réalisé en 2010, est la rencontre de deux mondes : celui du Nord et celui du Sud. Cela aurait pu être intéressant, n'était la répétition, en boucle, des clichés qui ont réduit la profondeur de la trame, devenant, à la fin, un film de propagande touristique. En outre, et jusqu'au 23 du mois en cours, à la salle Cosmos (Riad El-Feth), les cinéphiles ont rendez-vous avec des films différents dans leur contenu et leur approche.