L'image de l'église – un futur musée – telle qu'elle apparaît avec sa récente restauration et la blancheur immaculée de ses murs, fait honneur à la ville. La bâtisse rappelle, à bien des égards, la structure originelle, un plaisir pour ceux qui ont connu l'édifice de style hispanique construit en 1955 en lieu et place de l'ancienne église de style gothique qui avait remplacé la petite paroisse – à l'origine une baraque en planches – élevée en 1848. Un gros travail de restauration, de confortement, de comblement des fissures, de redressement de la charpente, de correction de la toiture avec la pose de tuiles rappelant exactement celles d'origine, mais aussi, de nettoiement, a été réalisé dans la limite des moyens mis à la disposition par l'entreprise chargée de la réalisation des travaux. L'édifice avait été retrouvé dans un état de délabrement avancé et de dégradation catastrophique après la délocalisation de squatters qui l'avait occupé pendant de nombreuses années et qui avaient, au moment du départ, emporté (arraché, plutôt) tout ce qui pouvait l'être (dont des portes en bois massif, grilles en fer forgé, plomb fixant les vitraux). En attendant la réévaluation du coût du projet et un budget complémentaire, il reste les aménagements extérieurs (trottoirs, espaces verts, éclairage public, grilles où devraient grimper, comme autrefois, des bougainvillées) à achever. Il faudrait, sans doute, signaler une interrogation émanant de citoyens anciens d'El-Affroun, à savoir ce qu'est devenu le mécanisme si lourd de l'horloge visible au fronton de l'église avec ses grandes aiguilles en bois et qui rythmait, il y a quelques décennies, la vie du village. Tombé en panne, il était, cependant là, dans les années 80 lorsque l'église faisait fonction de tribunal. Qui l'a démonté et où est-il passé ? se demande-t-on. Seuls demeurent les escaliers intérieurs qui menaient au clocher et au lieu d'installation du mécanisme. Quant aux vitraux d'une grande valeur qui ont été détruits comme du vulgaire verre, il faut savoir qu'ils sont l'œuvre du peintre et sculpteur hongrois, de renom, Emile Lahner (1893-1980), qui fut l'élève de Picasso.