La réplique s'adresse au secrétaire général du FLN : le Rassemblement national démocratique (RND), par la voix de son porte-parole, ne compte pas s'éterniser au pouvoir jusqu'à l'horizon 2030. “Au RND, nous pensons à l'après-pétrole. Nous ne sommes pas de ceux qui pensent comment rester au pouvoir jusqu'en 2030”, a déclaré Miloud Chorfi, hier, à Tizi Ouzou. Abdelaziz Belkhadem avait affirmé que son parti restera encore au pouvoir, y compris en 2030. La déclaration du représentant personnel du chef de l'Etat avait été faite avant le vent de liberté qui souffle sur le monde arabe et les récurrentes manifestations qui secouent le pays ces derniers temps. Hier, à la salle de l'INTHT de Tizi Ouzou, le membre de la direction du RND a réitéré le soutien de la formation politique du Premier ministre à la démarche du président de la République, annonçant des réformes politiques qui prennent désormais l'allure d'une Arlésienne, tant l'opinion publique ignore tout de leur contenu. Le responsable du RND fonde sa position sur la conviction maintenant chevillée chez les “RNDistes” que les réformes politiques que compte mettre en œuvre Bouteflika sont porteuses de “changement démocratique”. Attendons pour voir. “Nous soutenons les réformes politiques globales qui vont sans doute approfondir l'expérience démocratique algérienne”, martèle-t-il, avant de souligner que le RND est disposé à accompagner cet ambitieux projet présidentiel en mesure de changer le visage de l'Algérie dans un monde en perpétuel mouvement. La levée de l'état d'urgence a été positivement appréciée par le parti d'Ouyahia qui, quelques semaines auparavant, défendait mordicus son maintien. “La levée de l'état d'urgence constitue à nos yeux la pierre angulaire des changements qui sont imminents”, révèle encore le député du Rassemblement. À ceux qui, parmi l'opposition, militent pour le changement démocratique en brisant le mur de la peur, le conférencier estime que ce dernier a été déjà cassé depuis bien longtemps. “Le mur de la peur a été cassé, par exemple, en 1980”, dit-il, allusion faite au Printemps berbère, évitant soigneusement d'évoquer la répression qui s'abat justement sur les partisans du changement. Le RND se dit contre la dissolution du Parlement et ne partage pas du tout la revendication d'une assemblée constituante. Pour Chorfi, la Constituante induirait de passer l'éponge sur tout ce qui a été réalisé depuis l'Indépendance. Or, les promoteurs d'une telle proposition n'ont jamais évoqué un tel scénario. Au sujet des révoltes qui se déroulent dans nombre de pays arabes, M. Chorfi semble avoir voulu prendre des pincettes en évoquant le changement qui a cours dans le monde arabe. Plus prosaïquement, il déclare que son parti soutient les peuples dans leur marche révolutionnaire pour le changement. L'approche des échéances électorales semble provoquer comme une ruée dans les brancards chez le RND. “Vous devez vous préparer pour les prochains rendez-vous électoraux. Certains sont dérangés par la bonne santé du RND, c'est pourquoi ils veulent vous déstabiliser. Il faut alors vous mobiliser pour défendre votre rassemblement”, suggère Chorfi, avant de conclure un tantinet superstitieux : “Que Dieu nous préserve du mauvais œil !”