Le FLN ne voit pas d'un mauvais oeil un remaniement gouvernemental. Un remaniement ministériel n'est pas à écarter dans les semaines à venir. Le ton est donné par le FLN. Encore une fois, des voix se sont élevées au sein de ce parti pour demander un changement au sein du gouvernement. «Un remaniement ministériel ciblé s'impose», a déclaré Abdelhamid Si Afif, membre du bureau politique de ce parti, joint hier par téléphone. Il a demandé l'instauration d'un mécanisme pour tenir l'Exécutif par l'obligation de résultat. «Sinon, nous allons continuer à fonctionner dans l'impunité et la médiocrité», a-t-il lancé. Le RND, parti de Ouyahia, semble faire la sourde oreille à ces propositions. «Nous n'avons aucun commentaire à faire sur ce sujet. Le FLN est souverain. Donc, libre à lui de prendre la position qu'il veut», a répliqué Miloud Chorfi, chargé de communication du RND, contacté par nos soins. Une réserve calculée? Il y a des situations où le silence est d'or. Le RND est dans cette position. D'autant plus que son secrétaire général est à la tête du gouvernement. En tout cas, la guerre de tranchées entre le FLN et le RND ne date pas d'aujourd'hui. Et les dernières émeutes vécues par le pays en ont donné la parfaite illustration. Pour preuve: le FLN a appelé le gouvernement «à combattre le monopole et à revoir certaines mesures qui rendent difficiles le quotidien des citoyens». La réplique du RND ne s'est pas fait attendre. Son porte-parole, Miloud Chorfi, a vu dans les propositions du FLN des «provocations de certains lobbies de la spéculation qui sont derrière cette situation (les émeutes) et ne ratent jamais une occasion pour pêcher dans les eaux troubles». Pis, il a accusé ces «lobbies» de manipuler les jeunes «en jouant du pouvoir d'achat». Il a enfoncé le clou en affirmant que «ces lobbies» oeuvrent à préserver leurs intérêts «ayant pâti des nouvelles mesures gouvernementales visant à organiser le marché et à préserver et protéger l'économie nationale». Un autre épisode de cette lutte: Abderahmane Belayat, membre du bureau politique du FLN, a taclé Seddik Chihab, membre du bureau politique du RND et vice-président à l'APN. Et là, les rôles se sont inversés. Alors que le RND faisait son mea culpa, le FLN s'est retrouvé dans la peau du défenseur du gouvernement. «Non, je ne pense pas que le gouvernement se soit trompé de priorité», a estimé M Belayat sur les ondes de la Radio nationale, le 22 février dernier. Il avait, ainsi, battu en brèche la thèse de M.Chihab qui soutenait le contraire, estimant, à la lumière des derniers événements qui ont ébranlé le pays, que le gouvernement s'était trompé de priorité. A chacun sa façon d'avancer ses pions et dominer l'échiquier politique. Le FLN ambitionne de reprendre les commandes du gouvernement. D'autant qu'il est majoritaire au sein de l'Exécutif et dans les deux chambres du Parlement. A contrario, le RND tente de garder la main sur le Palais du gouvernement. L'un fait un forcing pour un remaniement ministériel, tandis que l'autre préfère le statu quo. Face à ces tiraillements, l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) danse la valse à trois tons. nonobstant le fait que le MSP, pour sa part, ne fait que suivre la cadence imprimée par ses deux partenaires, «Nous sommes réalistes. Notre parti n'est pas majoritaire au Parlement», a souligné Mohamed Djoumoua, porte-parole du MSP, contacté hier par téléphone. La guéguerre entre le FLN et le RND risque de se solder par un changement au sein du gouvernement. Il n'y a pas de fumée sans feu...