Le ministre de l'Energie a annoncé une réunion, dans quelques semaines, avec les promoteurs du projet Désertec, afin de connaître leur idée sur le projet. Le gouvernement n'a pas renoncé à l'énergie nucléaire, même si pour l'instant, il semble se focaliser sur l'énergie solaire et éolienne. “Nous allons peut-être recourir au nucléaire à long terme, nous n'avons pas le choix”, a souligné, hier, le ministre de l'Energie, devant les membres de la commission des affaires économiques, du développement, du commerce et de la planification de l'Assemblée populaire nationale. “Mais il faut nous préparer. Il faut 10 à 15 ans pour nous préparer et étudier la possibilité de construite une centrale nucléaire pour produire de l'électricité, avec toutes les conditions de sûreté et de sécurité, liées au nucléaire”, a indiqué M. Youcef Yousfi. “La sécurité est le problème numéro un”, a précisé le ministre, évoquant aussi la question de la localisation. “Il y a des problèmes objectifs à prendre en charge. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que nous allons commencer par la formation des techniciens et des ingénieurs qui sont capables demain de faire fonctionner en toute sécurité une centrale nucléaire”, a-t-il affirmé, relevant la disponibilité de réserves d'uranium qui permettent de faire fonctionner une centrale nucléaire. “Le gouvernement décidera en fonction, encore une fois, des données objectives si nous allons poursuivre loin dans ces projets ou s'il faut étudier davantage la question”, a-t-il ajouté. Evoquant la crise nucléaire au Japon, le ministre a indiqué que des spécialistes algériens suivent de près la situation, en rassurant qu'il n'y a pas de risque sur la région. M. Yousfi a indiqué que la centrale nucléaire d'Aïn Ousséra, qui n'est qu'un réacteur de recherche de 15 MW, ne présente aucun danger. Le ministre de l'Energie a souligné que l'Algérie a tracé dans le secteur de l'énergie, pour les cinq prochaines années, un programme de développement ambitieux, insistant notamment sur les énergies renouvelables avec comme objectif la production, à l'horizon 2030, de 22 000 mégawats d'électricité, dont 10 000 mégawats destinés à l'exportation. Si l'Algérie se concentre, aujourd'hui, sur son propre programme, le ministre de l'Energie n'exclut pas le recours aux partenaires étrangers, Désertec ou autres. Le ministre de l'Energie explique que la réussite du programme de développement des énergies nouvelles et renouvelables, lancé par l'Algérie, dépend de la mise en place d'une industrie locale et de la maîtrise de la technologie. Pour la mise en place d'une industrie locale, M. Yousfi a annoncé la tenue, dans quelques jours, d'une réunion avec les industriels algériens “pour leur expliquer le programme”. Le ministre se réunira aussi avec des chercheurs versés dans ce domaine et le secteur de l'enseignement supérieur pour la mise en place des équipes multidisciplinaires. M. Yousfi a, en outre, annoncé une rencontre avec les promoteurs de l'initiative Désertec. “Des responsables de Désertec devraient se déplacer en Algérie. La rencontre va nous permettre de connaître leurs idées sur le projet”, a précisé le ministre, affirmant que “ces entreprises sont les bienvenues si elles acceptent de produire en Algérie les équipements nécessaires”. Concernant le partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie avec l'Union européenne, M. Yousfi informe les députés que les négociations “se poursuivent”, expliquant que les Européens se préoccupent de leur sécurité énergétique. L'Algérie pose les questions liées aux investissements, au transfert de la technologie, l'accès aux marchés… Les Européens mettent en place des règles qui entravent la présence de sociétés algériennes sur leur marché, comme pour Sonatrach en Espagne, alors qu'ils demandent à l'Algérie d'ouvrir davantage le secteur. Le ministre de l'Energie et des Mines a indiqué que l'Algérie va intensifier l'effort d'exploration pour accroître ses réserves d'hydrocarbures. “Les opérations de prospection entre 2011 et 2015 porteront sur le forage de 800 puits. Le programme d'investissement dans le secteur des hydrocarbures est doté d'une enveloppe de 4 400 milliards de dinars pour la période 2011 à 2014”, a-t-il rappelé. En matière d'électricité, le ministre de l'Energie a indiqué que la capacité de production atteint plus de 11 000 mégawats en 2010. Le secteur prévoit de porter les capacités de production d'électricité à 15 000 mégawats en 2015, soit une hausse de 32%. 14 200 km de réseaux électriques seront réalisés annuellement et plus de 9 100 kilomètres de réseau de transport et de distribution de gaz. Cet effort permettra le raccordement de 230 000 foyers à l'électricité rurale et plus d'un million au gaz naturel. Pour la réalisation de ce programme, Sonelgaz investira 2 400 milliards de dinars. “Dans les conditions actuelles, il n'est pas question de toucher au prix de l'énergie, mais on ne peut éviter, à moyen et long terme, que la question soit posée et à juste titre”, indique le ministre, estimant qu'il y a un équilibre à trouver entre le bon usage de l'énergie et son prix. “Entre la subvention et le gaspillage, il y a une limite”, a-t-il estimé.