Synthèse de Smaïl Boughazi Du nucléaire pour préparer l'après-pétrole ! L'Algérie n'a pas d'autre alternative que de recourir à long terme à l'énergie nucléaire pour la production d'électricité. C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, lors de sa présentation du secteur de l'énergie à l'Assemblée populaire nationale (APN). «Nous allons peut-être recourir au nucléaire à long terme, nous n'avons pas d'autre alternative», a-t-il dit, précisant que «l'Algérie doit se préparer pour ce choix». M. Yousfi a noté, au même titre, qu'«il faut entre dix à quinze ans pour faire les études pour la construction de la première centrale électrique fonctionnant au nucléaire», a précisé le ministre devant les membres de la commission économique de l'APN. L'Algérie avait annoncé, pour rappel, qu'elle allait construire sa première centrale nucléaire en 2020 et a prévu, à partir de cette date, de construire chaque cinq ans une nouvelle centrale. Le choix de recourir, en partie, au nucléaire pour la production de l'électricité a été préconisé dans le souci de réduire la facture coûteuse de la production de cette énergie à partir des énergies renouvelables, a expliqué M. Yousfi aux députés. Il a souligné que cette centrale, si elle venait à être construite, respecterait «toutes les conditions de sûreté et de sécurité liées au nucléaire». Selon M. Yousfi, trois problèmes objectifs se posent actuellement pour sa concrétisation : celui de la sécurité de l'installation, du lieu de son implantation et de la disponibilité de ressources importantes d'eau. Il a souligné qu'une centrale nucléaire a besoin de grandes quantités d'eau pour son fonctionnement, ce qui nécessite sa construction en bord de mer. Pour le moment, la problématique est que les côtes algériennes sont des zones sismiques et de surcroît à forte densité de population. Et si cette centrale est implantée dans une zone éloignée des côtes, cela va poser la question de la disponibilité de l'eau, a expliqué le ministre. M. Yousfi dira néanmoins que seul le gouvernement «décidera en fonction des données objectives si nous allons poursuivre ce projet ou si on doit étudier davantage cette question et les problèmes qui y sont liés». Il a assuré à ce propos que l'Algérie disposait de réserves suffisantes pour faire fonctionner une centrale nucléaire. «Les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent quelque 29 000 tonnes, de quoi faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d'une capacité de 1 000 mégawats chacune pour une durée de soixante ans», selon des chiffres déjà annoncés par le ministère de l'Energie et des Mines. Ce dernier a, par ailleurs, assuré que la centrale nucléaire de Aïn Oussara, qui est un réacteur de recherche de 15 MW, ne représente aucun danger pour la région. M. Yousfi répondait à la préoccupation d'un député qui a exprimé ses craintes sur le risque de fuites de substances radioactives, après l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, endommagée par le séisme du 11 mars dernier. «Le réacteur (El Salem), poursuit le ministre, est doté d'un système de refroidissement et d'une clé pour sa fermeture en cas d'urgence.» D'ailleurs, une équipe de chercheurs algériens suit avec attention ce qui se passe au Japon pour récolter les données sur cet accident nucléaire, a ajouté le ministre.